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Les appareils d'aujourd'hui

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On a pu voir dans les pages précédentes quelques uns des anciens appareils analogiques qui ont contribué au développement de l'enregistrement sonore depuis l'arrivée du magnétophone sur le marché,
après la guerre de 1939-1945.
Aujourd'hui, avec les appareils DAT, le Compact-Disc enregistrable par les amateurs et le "Direct-to-disc", les choses ont bien changé mais il ne faut pas renier les anciens modèles car de nombreux preneurs de son se servent encore de la bande magnétique (y compris à la Maison de la Radio dont beaucoup de studios sont toujours équipés de magnétophones à bande). Il est pourtant certain que l'on ne peut plus ignorer le numérique dont les avantages sont importants, ne serait-ce que par la qualité obtenue avec des appareils peu encombrants et d'un poids très réduit.

Rappelons qu'à l'arrivée des magnétophones facilement transportables
(et, pour certains, autonomes en ce qui concerne l'alimentation),
les techniciens de la radio s'étaient mis en grève dans les années cinquante par crainte d'une suppression de personnel ! Car jusque-là, ils devaient se déplacer avec un camion-son, installer de longs câbles pour les reportages, câbles qu'ils devaient faire passer par les fenêtres des maisons pour les interviews à domicile. Les graveurs de disques "souples" se trouvaient en effet dans les véhicules stationnés au pied des immeubles. Ce qui nécessitait naturellement de nombreux assistants. Quels progrès ont été accomplis en moins de cinquante ans dans le domaine du son (et de l'image) !

Il n'est évidemment pas question ici de se livrer à une description détaillée des appareils et de leurs possibilités. Pour ceux qui le souhaiteraient, il sera préférable de se reporter à la page "Sites spécialisés" sur laquelle ils trouveront les URL des différentes marques avec des liens directs.
Ils pourront ainsi télécharger les notices techniques et même
parfois les modes d'emploi.
D'autre part, le livre de Jean Herben et Tom Adam, paru aux éditions Dunod sous le titre : "Lecteurs et enregistreurs à technologie laser", complètera utilement les connaissances de ceux qui veulent en savoir plus.
Les graveurs de CD-R et CD-RW :
 Néanmoins, il peut être utile de rappeler le principe de l'enregistrement numérique adopté pour les trois types de CD actuels :
CD, CD-R et CD-RW.
Nous prendrons comme exemple le modèle CDRW-700 de la firme Tascam mais il y en a bien d'autres chez Philips, Pioneer, Marantz, etc.
graveur
Graveur de CD-R et CD-RW Tascam (CD-RW 700).
(document Tascam)
Le CD :
Tout le monde connaît maintenant le Compact-Disc (marque déposée), commercialisé en France en 1983. Il est fabriqué dans une presse de 60 tonnes qui reproduit, dans une couche de "makrolon" (polycarbonate), les micro-cuvettes se trouvant en relief sur la matrice
(cette dernière est un disque en nickel obtenu par galvanoplastie
comme pour les anciens 33/45 et 78 tours).
Afin de permettre la lecture par un faisceau laser, on vaporise ensuite, d'un seul côté, une couche réfléchissante en aluminium. Un vernis protecteur incolore sera ensuite déposé pour protéger la surface du Compact-Disc.
Les "micro-cuvettes" reproduisent donc les données numériques "un" et "zéro" provenant du convertisseur. Rappelons, qu'à part la conversion analogique/numérique, il n'y a pas de compression ni de déformation
du signal musical dans le cas du Compact-Disc.

CD
Trois étapes dans la fabrication d'un CD :
- En bas, le CD sort de la presse. Il possède les micro-cuvettes mais
ne peut pas être lu par un faisceau laser (il est transparent).
- À gauche, le CD  vient de recevoir sa couche réfléchissante à base
d'aluminium. Il peut être écouté sur une platine.
- À droite, en haut, le CD est terminé avec son étiquette. Il est prêt à
être placé dans une pochette ou dans un boîtier.
(Photo Claude Gendre)

Le CD-R :

C'est au début des années quatre-vingt dix que la firme Philips a mis au point le CD-R (R pour recordable) que les amateurs attendaient depuis longtemps pour pouvoir enregistrer leurs propres CD.
Philips avait présenté en 1992 la nouvelle cassette numérique DCC (Digital Compact Cassette) mais elle ne remporta pas le succès escompté en raison du temps de rebobinage nécessaire pour trouver un enregistrement.
La même année, Sony avait d'ailleurs commercialisé le MiniDisc
(marque déposée) qui - comme dans le cas du Compact-Disc - permet un accès immédiat à n'importe quelle plage mais comporte une compression
des données de 5 fois pour atteindre 74 minutes d'enregistrement.

Un disque CD-R est donc formé d'un substrat (couche de polycarbonate servant de base dans laquelle se trouve un sillon préenregistré appelé en anglais "groove"). On trouve ensuite une couche de matière organique dans laquelle le faisceau laser creusera les micro-cuvettes ("pits") puis une couche de réflexion métallisée et  enfin une couche de protection. Le faisceau laser imprime donc les micro-cuvettes dans la couche organique, micro-cuvettes qui seront lues (c'est-à-dire "comptées") comme dans le cas d'un CD ordinaire.
Bien entendu, ces "creux" et ces "bosses" ne pourront plus être modifiés par la suite. Il reste ensuite à "finaliser" le CD-R (à ce moment-là, l'appareil inscrit la TOC = Table of contents,c'est-à-dire la "table des matières", pour pouvoir être lu normalement sur n'importe quelle platine).

Le CD-RW :

Comme le système Sony "MiniDisc" permet de réenregistrer autant de fois qu'on le veut les disques "enregistrables" (mais évidemment pas les disques "préenregistrés" vendus dans le commerce, ces derniers correspondant aux CD ordinaires), Philips a présenté en 1997 les CD-RW, réenregistrables eux-aussi. On pensait au départ qu'ils utiliseraient le même procédé que pour le MiniDisc, c'est-à-dire un enregistrement sur une couche formée par un alliage de terbium (terre rare), de Ferrite et de Cobalt.
La lecture se faisant par un faisceau laser délivrant un signal positif
ou négatif suivant la polarisation.

coupeCD
Coupe d'un MiniDisc
(Document Sony - in "Enregistrement et conservation
des documents sonores" - éditions Eyrolles)

Philips a adopté une autre technique : les CD-RW sont fabriqués comme les CD-R mais la couche organique (ou magnétique dans le cas du MiniDisc) est remplacée par une couche cristalline formée d'argent, d'indium,
d'antimoine et de tellurium.
Au moment de l'enregistrement, quand cette couche est frappée par un faisceau laser qui fait monter sa température un court instant
entre 500 et 700 degrés, elle devient amorphe, non cristalline,
ce qui lui donne une puissance de réflexion beaucoup plus faible.
On obtient ainsi une micro-cuvette ("pit").
Et ainsi de suite pour les creux et les bosses des données numériques.
L'avantage du CD-RW, c'est qu'il peut être "effacé". En effet, il suffit simplement de rendre de nouveau sa couche cristalline sur toute la surface du disque ou seulement sur la dernière plage enregistrée en chauffant la couche pendant un certain temps à 200 degrés ce qui la fait fondre et revenir à son état d'origine. Pour le CD-RW 700 Tascam, il faut environ
1 mn 30 à 2 mn pour effacer la dernière plage
et de 20 à 30 mn pour la totalité du CD-RW.
Précisons que l'effacement est possible même si le CD-RW a été finalisé mais dans ce cas, il faudra recommencer la finalisation après l'effacement et le nouvel enregistrement.

Les avantages du CD-RW 700 Tascam :
Cet appareil offre de nombreuses possibilités, très utiles à ceux qui pratiquent la prise de son avec finalisation de leur travail sur CD. En effet, on peut effacer la dernière piste enregistrée (et même remonter jusqu'aux pistes précédentes à condition de les effacer les unes après les autres dans l'ordre inverse de la gravure). Cela permet de pratiquer un assemblage des séquences de façon très simple, sans risque puisque l'on peut toujours effacer ce que l'on vient de faire en cas d'erreur de démarrage ou de mauvais raccord.
L'effacement d'une seule piste (quelle que soit sa durée) se fait
en 33 secondes environ sur le CD-RW 700.
L'effacement total du Compact-Disc demande 38 secondes.
Le CD-RW terminé pourra donc servir de "master"
pour une copie sur un CD-R.
D'autre part, ce graveur donne la possibilité d'éviter le passage par le convertisseur quand on fait une copie à partir d'un document numérique ayant été échantillonné à 44,1 kHz (position "Digital direct"). On évite ainsi toute dégradation du signal puisque l'on se contente dans ce cas de copier uniquement les données numériques sans ajouter de souffle.
Enfin, il dispose d'un réglage de niveau non seulement pour les signaux analogiques mais aussi pour les liaisons numériques
(sauf sur la position "Digital direct" évidemment).

Précisons pour terminer qu'un CD-RW finalisé peut être lu en principe sur les platines de bonne qualité fabriquées après l'arrivée des graveurs de CD-RW (même si l'indication n'apparaît pas dans le mode d'emploi). Cela a été vérifié sur une platine Sony (réf. CDP-XE 330) de la fin
des années quatre-vingt dix.

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Les appareils "Direct-to-Disc" :
De nos jours, pour faire une prise de son et un enregistrement, on peut choisir entre trois solutions :

- Enregistrer en numérique sur un DAT et faire un assemblage des prises en numérique sur un autre DAT ou sur un CD-RW.
- Enregistrer sur un Direct-to-Disc qui permettra d'effectuer un montage précis et ensuite une copie numérique sur un CD-R (ou un CD-RW).
- Enregistrer sur un ordinateur portable équipé d'un logiciel "son" de très bonne qualité. Là encore, le montage est possible sur l'ordinateur, une copie étant faite sur un CD-R ou un CD-RW.

Le "Direct-to-Disc" est une bonne solution pour ceux qui ne veulent pas se lancer dans la manipulation d'un ordinateur, pas toujours rassurante quand il s'agit d'un concert en direct. D'autre part, le "Direct-to-Disc" rassemble à la fois une table de mixage à plusieurs canaux, des prises XLR avec alimentation "fantôme" pour les micros statiques (que l'on peut couper si l'on utilise des micros dynamiques), bien souvent des effets intégrés, et enfin un enregistreur sur disque dur permettant - suivant sa capacité et le type d'appareil - une durée de 20, 40, 60 minutes ou plus en continu.

korg
Enregistreur "Direct-to-Disc" D 16 de la marque Korg permettant
d'enregistrer 4 pistes simultanément en 24 bits à 44 ,1 kHz.
Il est remplacé aujourd'hui par les modèles D 1600 Mk II
et D 1200 Mk II aux possibilités améliorées.
(Document Korg)

Sur la plupart des appareils de ce type, on peut effectuer un montage des documents enregistrés avec visualisation des formes d'ondes sur un écran,
une molette permettant de repérer avec précision l'endroit où doit se faire le montage. On entend en même temps le son au ralenti
quand la molette tourne.
C'est la même technique qui était utilisée par les monteurs des années passées avec les magnétophones et les bandes magnétiques quand ils tiraient ces dernières à la main devant les têtes pour déterminer
le "point de coupe" en écoutant les "borborygmes".
Ici, en revanche, on ne se sert pas de ciseaux :
le montage est virtuel.

Un "Direct-to-Disc", c'est le "tout en un" facilement transportable avec une qualité pratiquement équivalente à ce que l'on pourrait faire en studio.
Mais comme pour les artisans, c'est ensuite l'expérience
qui fera la différence.

Les pupitres de mixage :
On sait qu'il est préférable de placer le moins possible d'appareils entre la source et l'enregistreur. Cela est maintenant facile à réaliser avec un couple de micros branchés sur un préampli de très haute qualité (avec alimentation fantôme pour les électrostatiques), suivi d'un appareil DAT.
On peut aussi se servir d'un graveur de CD-RW ou d'un Direct-to-Disc
à la place d'un DAT.
En revanche, dans certains cas, il est nécessaire de posséder une table de mixage à plusieurs entrées pour pouvoir placer des micros devant
certains instruments ou un deuxième couple devant
des solistes au moment de l'enregistrement.
Pendant le montage, on pourra également - avec un pupitre - corriger légèrement la tonalité de la prise d'origine parce que les violons sont trop agressifs ou la voix de la soprano trop acide. Ou encore déplacer fictivement les instrumentistes en agissant sur les potentiomètres panoramiques (pan-pot). Que les puristes me pardonnent... !
On trouve aujourd'hui des pupitres à un prix très abordable bien qu'ils n'aient pas un souffle élevé grâce à l'amélioration actuelle des circuits électroniques. Car le bruit de fond reste l'ennemi quand on utilise une table de mixage. Il y a quelques années, certaines tables produisaient en effet une "friture"
importante qui se superposait au signal d'origine au moment du mixage.

yamaha
Pupitre de mixage Yamaha MG 10/2
4 entrées XLR pour micros avec alimentation fantôme commutable,
6  entrées ligne stéréo sur jack 6,35, une entrée ligne stéréo sur prise RCA.
Le rapport signal/bruit est excellent en raison de la qualité des préamplis
et l'encombrement de ce pupitre est réduit au minimum.
On voit à droite le modulomètre lumineux.
(Photo Claude Gendre)

Il faut savoir néanmoins qu'il est préférable d'avoir un signal "fort" à l'entrée pour l'amplifier ensuite le moins possible. Si le pupitre possède un réglage de gain de sensibilité sur chaque entrée (avec un témoin rouge qui s'allume en cas de dépassement), il faut faire des essais pour le positionner presque à la limite
de la saturation du premier étage.
On revient ensuite un peu en arrière afin de laisser une marge nécessaire pour les "forte". Il faut donc faire des essais en demandant au chœur de chanter, ou à l'orchestre de jouer le passage le plus fort pendant quelques instants.
Dans certains cas, cela n'est pas gagné d'avance... !
Quand on fait une prise de son à multi-micros, le pupitre est indispensable pour effectuer le mélange des sources qui peut se faire soit pendant l'exécution si l'on enregistre sur deux pistes, soit pendant un mixage ultérieur si les micros sont branchés sur un enregistreur à plusieurs pistes simultanées.
Quand on maîtrise bien une table de mixage, on peut améliorer considérablement un enregistrement mais aussi... le dénaturer si l'on
exagère les réglages et les déplacements des musiciens dans l'espace.
C'est là qu'intervient la pratique du métier de preneur de son !

                                                                                (à suivre...)

   © C. Gendre
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