Jean-Marie Marcel
*****
Jean-Marie Marcel, dont on vient de parler à la page précédente, est décédé en juin 2012. Ses oreilles avaient en effet été bien formées pendant sa jeunesse aux écoutes critiques
Né en 1917, il allait avoir 95 ans.
C'était le fils adoptif de Gabriel Marcel (1889-1973), célèbre philosophe, docteur "honoris causa" de
plusieurs Universités françaises et étrangères, mais aussi dramaturge, critique littéraire et musical.
Il fut considéré comme le Maître de l'existentialisme chrétien après sa conversion.
Au début des années soixante, j'ai eu le privilège d'être invité par Gabriel Marcel dans son château
de Ligneyrac, en Corrèze, et je dois dire que j'en garde un émouvant souvenir. En particulier de l'entretien
qu'il m'avait accordé après déjeuner, dans le jardin, entretien au cours duquel j'ai appris beaucoup, car il savait
faire comprendre très simplement des notions difficiles, ne voulant jamais diminuer
celui qui l'écoutait s'il n'était pas d'un niveau égal au sien. Ce qui était évidemment mon cas !
Et la nuit passée dans une chambre d'amis installée dans une tour d'angle du château m'a
transporté bien loin, jusqu'au Moyen-âge, puisque cette ancienne demeure, tombée en ruines mais restaurée,
aurait appartenu dès les années 1200 à la famille de Turenne dont une chanson, "Monsieur de Turenne",
célèbre encore la gloire de l'un des descendants.
Jean-Marie Marcel, avait été choisi par Monsieur Giniaux comme Rédacteur en chef
de la partie "Arts sonores" de la fameuse Revue du Son. Les anciens lecteurs doivent encore
se souvenir de ses articles et des résultats publiés après les écoutes et comparaisons des nouvelles enceintes acoustiques,
ainsi que des critiques des nouveaux disques 33 tours 1/3 qui venaient de sortir.
La parution de la revue était redoutée par tous les constructeurs car les arguments étaient percutants
et pouvaient faire très vite le succès ou provoquer le déclin d'une paire d'enceintes
n'ayant pas trouvé grâce aux oreilles du rédacteur en chef et de ses collaborateurs.
Mais quand le résultat était trop "mauvais", Jean-Marie Marcel ne faisait pas paraître son article.
car Gabriel Marcel était non seulement un philosophe, mais aussi un musicien et un critique musical.
La musique classique était donc toujours présente à la maison.
En 1953, Jean-Marie Marcel devint donc le Rédacteur en chef des "Arts sonores"
et Rémy Lafaurie le Rédacteur en chef de la partie "Electro-acoustique" de la revue.
Mais Jean-Marie Marcel est surtout connu du grand-public comme ayant été le photographe du Général de Gaulle.
En effet, c'est lui qui a effectué en 1959, avec son assistant Jean Mainbourg, les prises de vue du Général en grand uniforme,
debout dans la Bibliothèque ronde de l'Elysée, la main droite appuyée sur un livre.
J'ai la chance de posséder l'original d'un enregistrement que l'on peut qualifier aujourd'hui d'historique, au cours duquel
Jean-Marie Marcel raconte à quelques enfants, avec beaucoup d'humour, comment s'est passée la séance de prises de vue
de ce portrait en couleur, dont un exemplaire en grand format a été envoyé gratuitement à tous les Maires de France
et des territoires d'outre-mer pour qu'il soit affiché à la place d'honneur.
Photo C. Gendre
Sur cette photo, on voit Jean-Marie Marcel dans son studio de la place Vendôme à Paris en 1964, au moment où il explique
qu'il avait utilisé trois grands parapluies blancs destinés à renvoyer la lumière sur le Général qui avait pris de lui-même
- comme il le dit - "l'attitude du Président de la République face au pays". Après avoir précisé : "ce jour-là,
le Général avait fait le don de sa personne à la photographie...!".
Jean-Marie Marcel était un homme serviable et bon, très aimable, aux propos souvent humoristiques,
que j'ai revu chez lui pour la dernière fois il y a une douzaine d'années, rue de Tournon à Paris.
Comme tous ceux qui l'ont connu, j'en garderai un excellent souvenir.
- (C) C. Gendre (10/12/2012)