Les prémices
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Le système des bras articulés, placés sur des tours espacées d'environ 10 km les unes des autres, a été inventé par l'ingénieur Claude CHAPPE. Chaque position des bras correspondait à un mot, un nombre ou une phrase. On pouvait ainsi transmettre rapidement des messages de tours en tours grâce à des opérateurs qui manipulaient à la main les leviers faisant bouger les bras. En 1794, la Convention adopta ce procédé de transmission qui fut utilisé entre Paris et Lille jusqu'à l'invention du télégraphe et de l'alphabet Morse. ![]()
Le Moulin du télégraphe
Lithographie d'Honoré Daumier, parue en 1834
dans le journal "La caricature" (n° 206).Dans les chemins de fer, vers le milieu du XIXe siècle, on adopta des appareils à cadrans circulaires permettant de transmettre à distance des chiffres et des lettres comme on le faisait avec le chadburn des bateaux pour communiquer les ordres de la passerelle à la machine. ![]()
Système de transmission des chemins de fer avec chiffres.
(Photo Sébastien Girault)C'est dans la deuxième moitié du XIXe siècle que le Télégraphe fit son apparition. L'alphabet Morse (du nom de son inventeur Samuel Morse) avait été mis au point en 1832 et breveté en 1840. Les points et les traits s'inscrivaient sur un ruban de papier enroulé sur une bobine, l'émetteur étant relié au récepteur par des fils.
En revanche, les appareils du télégraphe Hugues aux USA transmettaient les télégrammes en caractères typographiques à l'aide d'un clavier analogue à celui d'un piano, l'émetteur et le récepteur étant synchronisés.![]()
Télégraphe à clavier Hughes (modèle II avec moteur
Siemens et Halske). Grâce à ce moteur, un synchronisme parfait
était maintenu entre l'émetteur et le récepteur.Jusque-là, il s'agissait toujours d'une transmission par fils. Il a fallu attendre
l'année 1890 et l'invention du cohéreur à limaille d'Édouard Branly
(appelé aussi radioconducteur) pour que la radio puisse voir le jour.Le cohéreur était formé d'un tube en verre renfermant de la limaille
placée entre deux électrodes. En branchant une pile ou un accumulateur entre
les deux électrodes - après avoir inséré dans le circuit un galvanomètre pour
mesurer l'intensité du courant - Édouard Branly s'aperçut que l'aiguille déviait
à peine. Il en conclut que la limaille présentait des points de contact imparfaits.
En revanche, en faisant éclater une étincelle depuis un endroit éloigné de
l'appareil, même si un obstacle (mur, palissade, etc.) se trouvait entre
l'étincelle et le cohéreur, la déviation de l'aiguille atteignait toujours une
valeur élevée, confirmant ainsi que les ondes produites par l'étincelle
venaient modifier à distance la cohérence. Elle était remise
dans son état d'origine, après chaque expérience,
par un léger choc sur le tube.Ainsi, ce simple cohéreur avait mis en évidence la possibilité
de recevoir des ondes transmises dans l'air puisque la cohérence de
la limaille était modifiée dès la production de l'étincelle, sans qu'il y
ait une quelconque liaison par fils. La résistance devenant moins
élevée, le courant passait mieux ce que l'on constatait grâce au
galvanomètre. De 1896 à 1898, de nombreux essais furent
réalisés entre la Tour Eiffel et le Panthéon. Édouard Branly,
physicien né à Amiens en 1844 et mort à Paris en 1940,
peut donc être considéré comme le père de la TSF.Les premiers "postes de radiophonie" furent des postes à galène (la galène est un sulfure naturel de plomb - PbS). On détectait les ondes en plaçant une aiguille en acier sur un petit morceau de galène, le circuit étant relié à un bobinage.
Mais c'est l'invention de la triode par Lee de Forest (elle fut d'abord
appelée Audion) qui permit l'essor de la radio. Elle augmenta la sensibilité
de la détection et donna la possibilité d'amplifier les signaux
reçus pour les écouter grâce à des haut-parleurs.![]()
Lampe Audion
L'américain Lee de Forest eut l'idée, en 1907, d'ajouter une grille entre
l'anode et la cathode de la diode inventée en 1905 par J. A. Fleming.
Il augmenta ainsi la sensibilité mais il fallut attendre quelques années
pour que l'on commence à entrevoir les énormes possibilités de
cette découverte qui fut à la base de toute l'électronique.© C.Gendre Photos C.Gendre
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