Les postes à lampes
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Après l'invention de la triode par Lee de Forest, les techniciens commencèrent à chercher des applications pratiques dans le domaine de la réception des ondes et de l'amplification. La triode pouvait en effet servir soit de détectrice, soit d'amplificatrice. On commença à voir des postes à une lampe, puis à plusieurs lampes : une amplificatrice haute-fréquence, une détectrice à réaction et deux amplificatrices
pour la basse-fréquence comme sur le catalogue
des appareils Fernand Vitus.
Cet ingénieur, après avoir participé pendant la guerre de 1914-1918 à la mise au point des postes militaires, fonda en 1921 les
établissements Vitus, rue Saint Maur à Paris.
La même année, précisait toujours Marcel Cocset, il reçut un premier grand prix pour ses productions et décida d'aménager un salon d'audition (peut-être le premier du genre...!). Il créa ensuite la célèbre station
"Radio-Vitus" qui fut bientôt connue dans toute l'Europe.
Il est vrai qu'à cette époque il n'y avait pas de monopole concernant
les ondes, les fréquences n'étant pas très encombrées...![]()
Publicité des années vingt pour les postes Fernand Vitus.
Elle se trouvait sur la couverture du catalogue de la firme.
(Document d'époque)Les postes à galène n'étaient pourtant pas abandonnés puisqu'il en existait encore dans beaucoup de foyers au début de la guerre de 1939-1945. L'avantage, c'est qu'ils ne nécessitaient aucune source de courant pour fonctionner. En revanche, on ne pouvait percevoir le son qu'avec des écouteurs et la sensibilité était très faible. Il était donc nécessaire de ne pas se trouver trop loin de l'émetteur et de relier le poste à une grande antenne. On se servait même parfois de l'un des
fils du secteur comme antenne en interposant un condensateur
de 0,1 microfarad isolé à 500 volts. Ces récepteurs coûtaient
évidemment moins cher que les appareils à lampes.Les fabricants s'aperçurent rapidement que les acheteurs ne tenaient
pas seulement compte de la qualité sonore du poste mais aussi de sa présentation. Les maîtresses de maison souhaitaient avoir des objets agréables à regarder, que l'on pourrait mettre dans un salon ou une salle
à manger. On commença donc par modifier peu à peu l'aspect technique des premiers appareils et le poste de radio devint indispensable dans
chaque foyer non seulement pour se faire admirer mais aussi pour
que l'on puisse se distraire et connaître les dernières nouvelles
avant les journaux du soir ou du lendemain.
L'ère de l'information, et parfois de l'intoxication par les
ondes, était née. N'oublions pas que c'est grâce à la radio anglaise, la BBC, que le Général De Gaulle put lancer l'Appel du 18 juin 40 qui
fut à l'origine de la libération de la France.![]()
C'est souvent sur un récepteur de ce type
que les français écoutaient les émissions de la BBC pendant la guerre.Les haut-parleurs furent perfectionnés et habillés de façon plus agréable à l'oil. Le cornet, qui amplifiait les sons provenant de la
petite membrane des écouteurs, fut remplacé par des haut-parleurs électro-magnétiques à excitation avec une membrane conique
de grand diamètre. Elle permettait, grâce à l'amplification, de faire
entendre les émissions à toute une famille.![]()
Deux haut-parleurs des années 1920-1940 : à gauche, modèle à cornet
acoustique ; à droite, modèle à excitation avec une grande membrane
protégée par une plaque de bois découpée en forme de lyre. À
l'avant, les petites boîtes en carton que l'on distingue renferment
des lampes de rechange pour les postes de radio.Au cours de sa carrière, Marcel Cocset avait rassemblé un nombre incalculable de lampes de radio, anciennes et modernes, triodes, pentodes, triodes-pentodes, valves, TM, Métal, tubes d'émetteurs, avec des culots de tous les types, civils et militaires. C'est toute la mémoire du siècle précédent au cours duquel l'électronique est passée de l'âge de pierre à l'âge d'or des moyens de communication.
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Poste de radio "haut-de-gamme" des années 1940/1950,
sans son coffret.
À gauche on voit la partie réception et haute-fréquence,
tandis qu'à droite c'est l'alimentation et les étages
à basse fréquence (on dit aujourd'hui "audio fréquence").Le matériel militaire
Dans les armées, les transmissions ont toujours joué un grand rôle. On a commencé d'abord par se servir d'estafettes, puis de pigeons voyageurs.
Le télégraphe Chappe avait permis de réduire le temps nécessaire pour communiquer les messages mais dès l'arrivée de la TSF, les autorités comprirent que c'était le moyen le plus rapide pour donner des ordres.
Certes, depuis l'invention du téléphone, on comptait beaucoup sur les lignes que les soldats déroulaient au fur et à mesure de l'avance des troupes, mais il était facile de les couper alors que les ondes passent toujours par l'éther, plus ou moins bien il est vrai en cas d'orage.L'utilisation des lampes de radio, après l'invention de la triode,
permit de construire des postes émetteurs et récepteurs militaires
avec leurs accessoires (manipulateurs de signaux en morse,
micros à charbon, antennes, etc.) sous l'impulsion du
Général Ferrié,ce qui facilita beaucoup les transmissions.
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Micro à charbon de type militaire utilisé pendant
la guerre de 1914-1918.Parallèlement au matériel destiné aux transmissions par radio, les différentes nations firent réaliser des machines à chiffrer les messages comme la célèbre "ENIGMA" allemande, conçue dès 1923 par Arthur Scherbius. Bien que des milliers d'exemplaires aient été construits, c'est aujourd'hui un objet très difficile à trouver.
Cette machine permettait de chiffrer et de déchiffrer un message en l'écrivant simplement à l'aide des touches du clavier. Son secret fut découvert assez rapidement par les alliés qui purent ainsi décrypter les documents envoyés par les chiffreurs ennemis.![]()
Machine à chiffrer allemande baptisée ENIGMA.
C'est une pièce rare encore en état de marche.Photos Claude Gendre
(sauf indications contraires)© C. Gendre
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