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Pour les musiciens

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Avant d'aborder la technique, il faut se souvenir que c'est avant tout la reproduction la plus parfaite de la réalité que l'on cherche à obtenir quand on enregistre. Les appareils ne sont que des "moyens" mis au service
 des SONS et de la MUSIQUE,

ce que beaucoup oublient en trafiquant plus ou moins les signaux analogiques
ou maintenant numériques.
Il faut également savoir que les plus grands peintres, avant de réaliser des chefs-d'œuvre et de s'affirmer dans leurs tableaux les plus connus,
ont commencé par copier ceux de leurs prédécesseurs.
C'est pourquoi il m'a semblé utile de recommander à ceux qui veulent faire de bons enregistrements, des références de disques et de DVD leur permettant d'entendre des œuvres musicales parfaitement exécutées et enregistrées par de grands preneurs de son, souvent très modestes quand on les rencontre.
Il s'agit ici d'apprécier seulement la musique et la technique, en dehors de tout intérêt commercial ou publicitaire.

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Jeanne d'Arc au bûcher (Oratorio dramatique d'Arthur Honegger sur un poème de Paul Claudel) :
DVD
EDV 17 - production ARTE France, Cinétévé et Opéra National de Montpellier avec l'Orchestre national et les chœurs de l'Opéra national de Montpellier et d'Angers/Nantes Opéra ainsi que les solistes et les chœurs d'enfants Opéra Junior. L'enregistrement a été fait en présence du public. C'est Sylvie Testud qui a  interprété le rôle de Jeanne et Éric Ruf celui de frère Dominique. L'ensemble était placé sous la direction du chef d'orchestre Alain Altinoglu.

Je prends la liberté de présenter ce DVD en tête de la page "Pour les musiciens" car il représente à mes yeux un évènement dans le monde de la musique classique. D'autre part,  quand j'avais 12 ans (et paraît-il une belle voix...), j'ai eu la chance de me trouver dans la douzaine d'enfants qui ont chanté la partition d'Honegger pour les deux représentations de la version de "concert" qui  eurent lieu en juin 1942, la première au Palais de Chaillot sous la direction de Charles Munch et la deuxième quelques jours plus tard à la salle Pleyel sous la direction d'Arthur Honegger. Celui-ci a d'ailleurs signé ma partition des chœurs. Et les airs des chansons populaires "En revenant de ces verts champs...", "Madame nous vous remercions de vos bonnes intentions...", "C'est le mai, mois de mai, c'est le joli mois de mai...", sont toujours présents dans ma tête. Surtout quand les voix d'enfants s'élèvent seules dans le silence à la fin de l'oratorio : "Personne, n'a un plus grand amour, que de donner sa vie, pour ceux qu'il aime...".
C'est donc une
œuvre qui a marqué ma vie mais qui, à l'époque, a été rarement enregistrée sur disques en raison peut-être de sa longueur (plus d'une heure) et du nombre important des participants (orchestre, chœurs, solistes, comédiens). Il existe deux disques "noirs" en vinyle enregistrés à Prague en quadraphonie, en octobre 1974, avec Nelly Borgeaud dans le rôle de Jeanne et Michel Favory dans celui de frère Dominique. Ces deux disques sont néanmoins compatibles et lisibles en stéréophonie car peu de mélomanes possédaient le décodeur nécessaire à la "quadraphonie" qui n'a jamais connu le succès escompté.

          

      Signature d'Arthur Honegger sur la partition des chœurs de l'auteur du
        site, quand il avait douze ans. Le papier a vieilli, les nombreuses
        répétitions l'ont abimé mais les souvenirs sont toujours là
        et la partition pourrait encore servir... !

L'œuvre enregistrée sur ce DVD est celle de la version scénique destinée à l'Opéra, avec un Prologue ajouté en 1944 à la demande de Paul Claudel pour une représentation qui devait avoir lieu à l'Opéra de Paris et qui, en définitive, eut lieu à Bruxelles en 1946 au Palais des Beaux-Arts. Ayant  peu apprécié certaines mises en scène dites "modernes" - concernant en particulier des opéras de Mozart - j'avais quelques craintes en commençant à visionner ce DVD. Or, je ne peux qu'applaudir comme le public l'a fait pendant huit minutes à la fin de cet oratorio dramatique (acclamations que l'on a heureusement conservées). La mise en scène est remarquable, sobre, sur fond noir avec seulement les personnages éclairés, sauf pour quelques scènes où  Jeanne évoque son enfance. C'est du grand "Art". Quant à Sylvie Testud, elle incarne totalement Jeanne d'Arc, autant par sa voix que par son visage expressif et met parfaitement en valeur le texte de Paul Claudel dans son dialogue avec frère Dominique et dans les scènes dramatiques. Il existe un sous-titrage pour le texte des chœurs et de certains intervenants qui permet de bien suivre l'action.
Le son est parfait, comme d'ailleurs l'image numérique, sans qu'il y ait prédominance de l'orchestre par rapport aux chœurs ou aux solistes. Précisons que la prise de son a été faite par Radio-France alors que les moyens techniques Vidéo sont dus à AMP. L'enregistrement a eu lieu en public le 13 juillet 2006 à l'Opéra Berlioz-Le Corum de Montpellier. Pour terminer, précisons que c'est Arthur Honnegger qui a utilisé le premier les "Ondes Martenot" dans un orchestre classique et précisément dans "Jeanne d'Arc au bûcher". Je me souviens très bien qu'au cours de l'exécution de juin 1942, j'avais devant moi la musicienne qui en jouait et faisait glisser un anneau avec sa main le long d'un ruban tendu devant le clavier de l'instrument (le groupe des petits chanteurs avait été placé derrière l'orchestre, devant les chœurs, puisqu'il s'agissait de la version de concert).

Un livret de 32 pages en trois langues (Français, Anglais, Allemand) complète ce DVD avec une Préface de Paul Claudel (1868-1955), rédigée pour la création française faite le 8 mai 1939 à Orléans. On trouve aussi un précieux texte d'Arthur Honegger (1892-1955) qu'il a intitulé  "Quand j'écrivais Jeanne au bûcher", à lire absolument avant de regarder cette œuvre. Car la genèse de cet oratorio ne fut pas simple. Il avait été commandité par Ida Rubinstein en 1934, mais elle avait connu plusieurs refus ce qui est parfaitement expliqué dans le commentaire très intéressant de Maxime Kaprielian, directeur de "ResMusica". Après avoir pris connaissance du poème de Paul Claudel, Arthur Honegger commença à composer la musique en janvier 1935 et l'œuvre ne fut terminée qu'en décembre de la même année.

Ce DVD est à recommander sans réserve, d'autant plus qu'il est vendu à un prix très abordable (14 euros) dans une grande surface que tout le monde connaît. Cet enregistrement a été effectué en 2006 dans le cadre du Festival de Radio-France et de Montpellier, avec le concours de la région Languedoc-Roussillon et de la Fondation Aria.


Nostalgie d'une voix perdue :
Bonus du film "Farinelli" - DVD Aventi - EDV 1284.

Remarquable documentaire de 60 minutes en "bonus" sur le DVD du film "Farinelli". Il nous fait découvir ce qu'étaient les "castrats" et comment le réalisateur Gérard Corbiau (auteur avec sa femme du scénario original de Farinelli) a réussi à obtenir la reconstitution d'une tessiture de "castrat" avec les voix d'un "contre-ténor" (Derek Lee Ragin) et d'une "soprano colorature" (Ewa Mallas Godlewska) grâce au travail de l'ingénieur du son suisse Jean-Claude Gaberel et à celui des spécialistes de l'IRCAM à Paris.
Les techniques numériques d'enregistrement ont permis de réaliser le passage d'une voix à l'autre, sans discontinuité de timbre, de rythme ou d'intonation. Dans le film, la voix du célèbre castrat est donc une voix, ou plutôt deux voix naturelles, et non une voix synthétisée comme beaucoup de spectateurs l'ont cru (à part pour une seule note trop aiguë). Mais à aucun moment on ne s'en rend compte et c'était la seule solution pour retrouver toute l'étendue dans le grave et l'aigu de la voix d'un castrat, nécessaire pour chanter les œuvres des compositeurs de l'époque de Farinelli (né Carlo Broschi - 1705/1782), comme par exemple son frère ou le musicien Porpora.
Le documentaire retrace tout le travail réalisé par l'ingénieur du son, le directeur musical Christophe Rousset, son orchestre d'instruments anciens "Les talents lyriques" et, bien sûr, le contre-ténor et la soprano colorature. Les premiers essais d'enregistrement ont commencé en avril 1993 avec Jean-Claude Gaberel pour aboutir en septembre 1994 à la voix du castrat ressuscitée, parfois reconstituée note par note avec les voix de la soprano et du contre-ténor, finalisée par l'IRCAM et éditée en Compact-Disc par la firme Auvidis (K1005).
En 1995, deux "César" (Meilleur son et Meilleur décor) ont été décernés à ce film, ainsi que le prix du Meilleur film étranger au Golden Globe de la même année.
 

Weihnachtsoratorium (Oratorio de Noël de Johann Sebastian Bach) :
BWV 248
-DVD Deutsche Grammophon 2006 - LC/0173.

Les solistes, le Tölzer Knabenchor et le Concentus Musicus Wien sont placés sous la direction de Nikolaus Harnoncourt. Bien que l'enregistrement ait été effectué en juillet et novembre 1981 dans la collégiale de Waldhausen en Autriche, la qualité sonore - 25 ans plus tard sur DVD - est excellente avec des images d'une netteté et d'une définition étonnantes, surtout si l'on reproduit le DVD en balayage progressif. On dit d'ailleurs dans la notice qu'il s'agit d'un véritable document historique.
Nikolaus Harnoncourt, par sa façon de diriger l'orchestre d'instruments anciens, le chœur et les solistes, communique à tous son amour du baroque dans l'esprit luthérien qui se dégage de cet "Oratorio de Noël". Au cours de l'exécution de cette œuvre qui dure environ 2 heures et 30 minutes, il se produit un véritable lien, une vraie communion entre le chef que l'on voit souvent de face et les enfants du Tölzer Knabenchor. Il est certain que Jean Sébastien Bach, qui a connu tellement de problèmes avec ses jeunes chanteurs et musiciens il y a plus de 250 ans, n'a jamais pu entendre son oratorio aussi parfaitement exécuté.
Que ce soit pour la qualité technique (prise de son, cadrage, définition, montage) ou pour la perfection musicale, ce DVD est pour moi une référence et une leçon donnée à tous ceux qui auront un jour à filmer un concert de cette importance.
 

h-Mol Messe (Messe en si mineur de Johann Sebastian Bach ) :
BWV 232 - DVD/TDK DV-BAMBM.

Cette "Messe en si mineur" pour deux chœurs (S,A,T,B), quatre solistes, orchestre et orgue, a été enregistrée au cours du concert donné dans l'église Saint-Thomas de Leipzig le 28 juillet 2000 pour le 250e anniversaire de la mort de Johann Sebastian Bach. C'est Georg Christoph Biller, 19e successeur du Cantor de Leipzig, qui dirige aujourd'hui les enfants et les jeunes du Thomanerchor de Leipzig. Pour ce concert exceptionnel, les solistes, le Thomanerchor et le Gewandhausorchester avaient été rassemblés sur la vaste tribune de la Thomaskirche de Leipzig, magnifiquement restaurée après la guerre.
La prise de son, malgré les difficultés, a été parfaitement réussie de même que les prises de vue grâce à un matériel très performant avec caméras télécommandées.
L'exécution est remarquable et l'on s'aperçoit très vite que chaque enfant du chœur "vit" ce qu'il chante et se sent concerné par cette œuvre difficile, grâce à la direction toujours aimable et souriante de Georg Christoph Biller. C'est un grand moment d'émotion et de perfection musicale et technique. On remarquera que le réalisateur a conservé à la fin les applaudissements de l'assistance, parfois supprimés dans certains DVD quand l'enregistrement est fait en "live", créant ainsi un silence pesant pendant le défilement du générique de fin. On perd ainsi l'ambiance et la chaleur du public qui ne s'exprime plus. Pour les vrais mélomanes, il manque quelque chose car les applaudissements à la fin d'une œuvre font partie du concert. On peut éventuellement les "shunter" au bout de quelques minutes (selon l'expression technique consacrée) s'ils durent trop longtemps, ce qui est souvent le cas après une audition.
 

Disque-test (supplément au numéro 113 - mars 2006 - de la revue "Prestige Audio-Vidéo") :

Depuis les débuts de la "Haute-Fidélité", de nombreux disques ont été offerts avec des revues pour "tester" le matériel des passionnés. La plupart d'entre eux étaient composés d'extraits d'oeuvres empruntées à des enregistrements du commerce avec, bien sûr, l'autorisation du producteur.
Ce Compact-Disc de la revue "Vidéo-Prestige" est remarquable parce qu'il renferme des enregistrements très divers comme une voix de femme, l'ensemble "Tango Nueve", une plage de "Blue-rock", une guitare, un piano Steinway & Sons D de 2,74 mètres de longueur, un Yamaha C 7, un orgue (celui de la cathédrale de Minden en Allemagne) et même un orchestre d'instruments à vent (celui du Conservatoire de Saint-Claude en France). À part ces deux dernières plages qui ont évidemment été enregistrées sur place, la prise de son des autres a été faite au Studio Passavant par Philippe Muller et Bernard Neveu avec la recherche d'une reproduction la plus fidèle possible par rapport à l'audition réelle en utilisant un minimum de microphones (la plupart du temps deux omnidirectionnels en couple). La qualité ne trompe pas et on pourra avoir une pensée pour André Charlin et ses premiers enregistrements de 1956 avec sa "tête artificielle" et ses deux micros omnidirectionnels placés de part et d'autre d'un coussin d'un vingtaine de centimètres de diamètre. C'est un disque-test remarquable, avec des interprètes de tout premier ordre, utile pour contrôler une installation mais aussi très agréable à écouter. Bravo.
 

Le Boeuf sur le toit  (de Darius Milhaud avec l'orchestre du théâtre des Champs-Élysées dirigé par l'auteur en 1956 - disque Charlin SLC 17) :

Puisque nous venons de parler d'André Charlin, précisons que ses anciens enregistrements, édités sur vinyle dans les années soixante, sont maintenant disponibles dans le commerce sur Compact-Disc après une reprise effectuée en Allemagne à partir de disques pressés mais jamais lus (les bandes originales ont en effet disparu). L'enregistrement du "Boeuf sur le toit" a été réalisé en 1956 par André Charlin au Théâtre des Champs-Élysées, le disque vinyle n'étant sorti dans le commerce qu'après le choix de la norme de gravure stéréophonique compatible (gravure latérale 45/45), faite en 1958. Quand on écoute cet enregistrement, on est étonné par la qualité sonore et la clarté qui s'en dégage, permettant de situer exactement les différents instruments dans l'espace sans être gêné par les grattements intempestifs des anciens disques "noirs" (mis à part le très léger bruit de fond dû à la bande magnétique d'origine, inhérent au procédé d'enregistrement de l'époque). C'est le secret de la prise de son en couple et ce disque d'anthologie est indispensable à tout preneur de son.
 

Batalla 1 Imperial (de Joan Cabanilles, joué par Montserrat Torrent sur les trompettes en chamade de l'orgue de Saragosse - disque Charlin AMS 69) :

Comme le précédent, cet enregistrement a été réalisée par André Charlin avec sa tête artificielle. La clarté obtenue avec cet orgue, que l'on peut voir devant soi en fermant les yeux tellement la place des tuyaux dans l'espace est exacte lorsqu'ils jouent, confirme qu'il y a plus de 45 ans on savait faire des enregistrements remarquables alors qu'aujourd'hui, les prises de son d'orgue - souvent très difficiles - ne sont pas toujours bonnes malgré le numérique (et peut-être à cause de lui). Un matériel moderne et performant ne suffit pas pour réussir un enregistrement. Il faut choisir un minimum de micros et avoir de l'expérience pour les placer (rappelons le ballon gonflé à l'Hélium porteur du couple des deux micros cardioïdes de Pierre Vérany pour l'enregistrement de l'orgue du Roi Soleil joué par Pierre Bardon en 1978 dans l'église de Saint Maximin en Provence - disque vinyle PV 3791). Cette "Batalla 1 Imperial" sonne avec une clarté étonnante, sans aucune distorsion ni confusion, alors qu'en raison de la réverbération, on obtient souvent dans un grand édifice religieux un mélange de sons directs et de sons réverbérés empêchant de distinguer clairement les différentes parties du message musical.

Avec presque un demi-siècle de distance, les enregistrements Charlin sortent de l'oubli grâce à Arlette Albohair qui les possède tous et les met de nouveau à la disposition des passionnés de MUSIQUE et de pureté SONORE. Ils n'ont pas fini de nous étonner en nous rappelant les vérités premières de l'Art du Preneur de SON.
 

A Night of Encores : Concert de l'été 2002 à la Waldbühne de Berlin (Théâtre de verdure) avec le violoniste Vadim Repin et le Berliner Philharmoniker sous la direction de Mariss Jansons - DVD/TDK  réf. DV-WBNOE.

C'est dans le vaste et impressionnant théâtre de verdure de Berlin que 20 000 spectateurs ont assisté à cette soirée exceptionnelle qui a été enregistrée de façon remarquable par la société EuroArts, le 23 juin 2002. De très nombreux micros avaient été placés sur des pieds de sol et des perches devant chaque pupitre (cordes, bois, cuivres, percussions) mais aussi devant les solistes afin que l'on entende bien  la flûte, le hautbois, la clarinette, les harpes et même le triangle quand cela était nécessaire, sans que les sons se perdent dans la masse orchestrale. Un micro était suspendu au-dessus de Vadim Repin et tous les câbles aboutissaient à une importante console de mélange.
Bien qu'enregistré en plein-air, ce DVD possède une excellente qualité sonore et une présence du soliste et des instruments de l'orchestre révélant la parfaite maîtrise des ingénieurs du son ayant effectué l'enregistrement numérique (en stéréo, dts et 5.1). Dans ce cas précis, on ne peut pas se contenter d'un "couple" A-B, X-Y, M-S ou ORTF... !
Quant au programme, il s'agit de pièces choisies parmi des œuvres composées par de grands musiciens comme Wienawski (1835-1880), Tchaikovsky (1840-1893), Sibelius (1865-1957), Elgar (1857-1934), Richard Wagner (1813-1883), Fritz Kreisler (1875-1962), Carlos Gardel (1887-1935), Niccolò Paganini (1782-1840), Anton Dvoràk (1841-1904) et quelques autres, le concert se terminant par la "Farandole" de l'Arlésienne de Georges Bizet (1838-1875) et "l'Aragonaise" du Cid de Jules Massenet (1842-1912). Comme le titre du DVD l'indique, les morceaux du programme sont souvent joués à la fin des concerts par les solistes et les orchestres comme "bis"  (appelés "Encores" par les anglo-saxons, indiquant ainsi que les auditeurs en veulent... encore..., ce qui est plus logique !).

En écoutant ce DVD, on ne peut qu'être séduit par la virtuosité et la musicalité de Vadim Repin au violon et la perfection d'exécution du Philharmoniker de Berlin, perfection qui n'est plus à démontrer. Mais l'enthousiasme des musiciens et des 20 000 spectateurs (dont beaucoup d'enfants)  n'a fait que croître au fur et à mesure que la nuit tombait et après l'exécution du "Carnaval de Venise" (opus 10) de Niccolò Paganini, joué de façon exceptionnelle et humoristique avec la connivence du Chef d'orchestre Mariss Jansons, des lumières tremblotantes se sont allumées un peu partout parmi les spectateurs qui ont réclamé un "bis" du "bis" à Vadim Repin. On se serait cru à un concert de "country-music" ! Pendant l'exécution du "Wiener Burger" (Citoyens de Vienne) qui suivait, les spectateurs n'ont pas hésité longtemps à se balancer au rythme de la valse et à faire un triomphe à l'orchestre et à Mariss Jansons. Les gens étaient heureux !

On dit souvent qu'en France le peuple n'aime pas la musique "classique". C'est en partie vrai si l'on sait qu'il est difficile de rassembler plus d'une quarantaine de personnes pour un récital de piano ou le concert d'un quatuor de cordes dans la France "profonde", comme ce fut le cas pour celui que j'ai enregistré récemment en "live" ! Mais si l'on commençait à sensibiliser les enfants en diffusant des extraits de ce DVD dans les écoles ou sur les chaînes de télévision à une heure de grande écoute, les jeunes comprendraient que la musique "classique" n'est pas triste ni ennuyeuse et qu'il faut assister à de tels concerts pour l'aimer. Il est ensuite probable que beaucoup voudraient apprendre à jouer d'un instrument à condition qu'on ne leur impose pas préalablement une ou deux années de solfège ! Même s'ils ne deviennent pas eux-mêmes des interprètes - car tout le monde ne peut pas être Vadim Repin ou Yehudi Menuhin - ils écouteraient peut-être plus facilement par la suite des œuvres "classiques" sans les rejeter a priori. Tout dépend du programme et des interprètes !

Heureusement, avant le traditionnel morceau de fin "Berliner Luft from Frau Luna" (L'air Berlinois de "Madame la Lune"), ce sont deux œuvres de compositeurs français qui ont terminé cette magnifique soirée. Merci. Rien n'est donc perdu !
 

Pour ceux qui aiment les chœurs : Pour les temps de Noël et de fin d'année, signalons l'excellent DVD TDK "Gloria in Excelsis Deo" du "Thomanerchor de Leipzig", enregistré en 1995 et édité par TDK en 2002.
Réf. DV- CHTBC.

Il s'agit de motets et de chants de Noël composés par J.S.Bach, Palestrina, Schein, Schütz, Max Reger, Mauersberger, Mendelssohn-Bartholdy, entrecoupés d'œuvres d'orgue des mêmes compositeurs, jouées par Ullrich Böhme sur l'orgue ancien restauré de la Thomaskirche de Leipzig (qui se trouve sur la tribune) et sur l'orgue de facture moderne placé latéralement contre un mur de la nef. Le Thomanerchor de Leipzig possède une homogénéité et une texture sonores remarquables. Le Cantor, Georg Christoph Biller, dirige les enfants et les jeunes ténors et basses de ce chœur de façon toujours souriante ce qui lui permet d'obtenir une expression vocale d'une grande sensibilité avec beaucoup de nuances. La prise de son est parfaite.
Mais ce qui est intéressant dans ce DVD, c'est que la partie purement musicale est complétée par un documentaire de 29 minutes sur la vie des enfants du Thomanerchor, les répétitions et les concerts ("Zwischen Schule und Kantate"). On pourra faire une comparaison utile avec le documentaire de 50 minutes "Les Petits Chanteurs à la croix de bois à chœur ouvert" réalisé par FR3 Nord-Picardie en 1989 (édité en cassette VHS : FR3 - Service commercial - 35 rue Léon Gambetta - 59 130 Lambersart) et le récent documentaire de 1 heure 19 minutes réalisé par Emmanuel Descombes, diffusé le jeudi 21 décembre 2006 à 22 h 55 sur la deuxième chaîne française (il sera peut-être disponible dans l'avenir en DVD. Qui sait...?).
Le seul regret quant au DVD TDK du Thomanerchor, c'est l'absence de sous-titrage en français, le seul disponible étant en anglais alors que le texte du livret d'accompagnement est en trois langues : Allemand, Anglais et Français. Il est vrai que l'Anglais est devenu maintenant une langue internationale mais pratiquement tous les DVD aujourd'hui sont doublés en plusieurs langues. Il faut faire un effort étant donné le prix.
 

Pour ceux qui dirigent ou veulent créer un chœur d'enfants : Précisons qu'il existe trois films remarquables, réalisés par Philippe Reypens, cinéaste belge renommé, qui s'est attaché à mettre en valeur les ensembles de petits chanteurs. Production King's Group - rue des Taxandres 21/6 - 1040 Bruxelles -

Sous le titre "L'or des anges", un DVD regroupe les trois films, tournés entre 1998 et 2001 :

- le premier porte le titre "L'or des Anges" et retrace l'histoire de ces formations depuis les temps les plus anciens avec le concours du chœur anglais de la Cathédrale de Worcester,
du "Knabenchor Hannover" dirigé par Heinz Hennig qui l'a fondé après la dernière guerre (il est malheureusement décédé le 29 janvier 2002 à l'âge de 75 ans), des "Wiener Sängerknaben" dirigés par Agnes Grossmann et des "Petits Chanteurs à la Croix de bois" dirigés à l'époque par Rodolphe Pierrepont.

- le film suivant est un court métrage romancé, "Un peu de fièvre", d'une très grande sensibilité, sur les problèmes causés par la mue chez les enfants chanteurs qui perdent leur voix de "soprano" vers l'âge de 14/15 ans.

- enfin, le dernier - Rejoice - est un remarquable reportage sur le Festival de Poznan qui a eu lieu en 2001 dans cette belle ville de Pologne où l'on a pu voir et entendre de nombreuses formations célèbres comme le chœur du New College d'Oxford dirigé par Edward Higginbottom, le Nidarosdomens Guttekor de Norvège, les St. Florian Sängerknaben d'Autriche, les enfants d'Azuoliukas de Lituanie, les Pueri Gaudentes tchèques, l'ensemble "Dresdner Kapellknaben" et de nombreux autres groupes de Pologne (dont les "Rossignols de Pologne"), du Danemark, des Pays-bas, de Corée et des USA. Il serait trop long de les énumérer tous mais un montage habile permet de donner un aperçu de leurs prestations qui duraient en réalité entre 6 et 7 minutes chacune le jour du concert de gala, avec en complément des extraits du Messie de Haendel, du Requiem de Mozart et une véritable leçon de direction de chœur offerte par Edouard Higginbottom.

Allons ! Même si de nos jours, pour avoir du succès, il suffit de créer la surprise par son accoutrement, sa présentation, des chants modernes et une sponsorisation, il est réconfortant de constater -  grâce à ce DVD - qu'il existe encore de par le monde des ensembles d'enfants correctement habillés, remarquables au point de vue musical, simples, respectueux et heureux de chanter des oeuvres de compositeurs très anciens comme Palestrina, Bach, Haendel ou plus récents comme Benjamin Britten et bien d'autres.

La qualité des images est excellente et le son également. On peut même pénétrer un peu plus dans l'univers des "Wiener Sängerknaben" et leur magnifique palais de Wien en Autriche. L'un de leurs solistes interprète d'ailleurs spécialement le lieder "An die Musik" (À la musique) de Franz Schubert avec une voix splendide. Ce DVD devrait rendre d'innombrables services à tous ceux qui essaient de redonner vie à un chant choral de grande qualité, malheureusement sur le déclin dans notre pays. C'est une leçon pour tous. Le DVD "L'or des anges" est uniquement disponible en Belgique (info@kings-group.com) et en Allemagne (info@pascalmore.de).
 

Johannes-Passion (la "Passion selon Saint-Jean" de J.S. Bach) : Production Deutsche Grammophon GmbH (Hamburg) 2007 - Réf. DVD - 00440 073 4291 (avec sous-titres en Français, Anglais, Espagnol et Chinois).

C'est la reprise en DVD de l'enregistrement réalisé en juin 1985 dans la cathédrale de Graz, en Autriche, avec son PCM-Stéréo converti par le studio "Emil Berliner" en son ambiophonique (mais uniquement en DTS 5.1). Le Tölzer Knabenchor, les solistes et le Concentus Musicus Wien avec ses instruments anciens sont placés sous la direction de Nikolaus Harnoncourt
Comme dans le cas du DVD "Weihnachtsoratorium" cité supra, il s'agit d'un enregistrement que l'on peut qualifier d'historique car il rompt totalement avec les interprétations habituelles de cette Passion selon Saint-Jean. On pourra d'ailleurs la comparer utilement avec celle du DVD du chœur du King's College de Cambridge accompagné par l'orchestre d'instruments anciens The Brandenburg Consort  placés sous la direction de Stephen Cleobury (Production "Brilliant Classic"). Le temps d'exécution est presque identique (115 minutes pour le King's College et 114 minutes pour le Tölzer Knabenchor). Mais Stephen Cleobury dirige de façon traditionnelle alors que Nikolaus Harnoncourt donne à cette exécution une vigueur peu commune, pleine de vie, se rapprochant de l'opéra sans pour autant dénaturer l'œuvre. Car il s'agit bien d'un drame en réalité. Les solistes enfants ont des voix exceptionnelles, en particulier les deux altos dans l'aria : "Von den Stricken meiner Sünden" de la première partie et l'aria "Es ist vollbracht" de la deuxième partie. Il est rare d'entendre une interprétation avec des voix d'enfants d'environ 15 ans qui descendent dans le grave avec une telle puissance et une telle expression. On pourra aussi comparer dans les deux versions l'aria de la basse "Mein teurer Heiland", avec le chœur en fond sonore, dont la ligne mélodique apporte une sérénité apaisante d'une grande beauté dans l'interprétation du King's College.

Au point de vue technique, les images sont très belles et les couleurs un peu froides correspondent bien au climat souhaité. La prise de son est parfaite avec seulement un regret : c'est que les micros aient été placés un peu bas devant les solistes enfants qui n'ont pas évidemment la puissance vocale des adultes. Quand ils sont accompagnés par les "bois", on perd très légèrement en définition et en niveau par rapport à l'orchestre, d'autant plus que ces jeunes chanteurs tiennent leur partition devant eux ce qui contribue à créer un effet de masque. J'avais déjà constaté le même phénomène, mais en plus important cette fois, sur l'une des faces d'un Laser-Disc introuvable aujourd'hui des Wiener Sängerknaben (Réf. Philips 440 070 251-1). Sur cette première face, enregistrée en 1989, les deux solistes enfants de la Missa Solemnis (c-moll KV 139) de Mozart, placés à côté du ténor Kurt Equiluz (que l'on retrouve sur le DVD de Graz dont on vient de parler) et de la basse Ernst Jankowitsch, ont un niveau sonore inférieur dans toutes leurs interventions. Ce qui les désavantage, même si leur exécution est parfaite.
Alors que sur l'autre face, enregistrée en 1990 dans l'église Saint Stephan de Baden bei Wien, les très belles voix des deux enfants (soprano et alto), qui interprètent en duo le motet "Sub tuum praesidium" (KV 198 de Mozart), ont été captées avec un niveau plus élevé par rapport à l'orchestre dont il faut signaler que le premier violon, Werner Ink, joue sur un Stradivarius.

On peut recommander sans réserve cette Johannes-Passion de Johann Sebastian Bach dirigée par Nikolaus Harnoncourt avec l'excellente basse Robert Holl déjà entendue dans l'Oratorio de Noël présenté dans cette page. Il n'est pas nécessaire de rassembler des formations chorales et orchestrales importantes pour exécuter cette Passion. Les enfants du Tölzer Knabenchor - qui doivent avoir entre trente-cinq et quarante-cinq ans aujourd'hui - sont étonnants de vérité et vivent littéralement ce qu'ils chantent comme on peut le voir sur l'image. Il est vrai que la complicité avec le maître de la musique baroque, Nikolaus Harnoncourt, est présente à tous les instants par ses mimiques et sa direction précise, créant ainsi un climat à nul autre pareil. De plus, les musiciens du Concentus Musicus Wien jouent sur des instruments anciens, dont une basse de viole à 7 cordes pour accompagner notamment l'aria "Es ist Vollbracht", remarquablement interprétée par le jeune soliste alto. Une merveille et un grand moment d'émotion.
 

Petits virtuoses du bout du monde (un film de Karine Dusfour, d'après une idée d'Andrea Rawlings-Gaston et Gaël Leiblang - Production Capa) :

Ce documentaire remarquable de 52 minutes a été diffusé sur la chaîne France 3 le samedi 16 juin 2007. Il retrace la recherche dans les cinq continents de 5 petits musiciens, sélectionnés par Françoise Legrand, chef d'orchestre française et fondatrice il y a vingt ans du "World Philharmonic Orchestra" formé des meilleurs musiciens de plus de 80 pays qui se réunissent plusieurs fois par an pour donner des concerts destinés à aider les jeunes musiciens des pays pauvres. C'est ainsi que l'on assiste dans le film aux auditions d'enfants de 10 à 12 ans en Inde, en Thaïlande et en Tunisie pour les violonistes, au Venezuela afin de trouver un(une) altiste, et en Roumanie pour le violoncelliste. Attention, Françoise Legrand précise bien - et on le constate - que les auditions se font sans que les membres du jury puissent "voir" les enfants. Car, explique-t-elle à juste raison, si l'un d'eux a une "bonne bouille", cela peut fausser le jugement concernant la valeur musicale captée par les oreilles.
On peut d'ailleurs faire soi-même cette expérience facilement en écoutant d'abord le DVD d'un chœur d'enfants avec l'image, et le même DVD sans l'image. Dans le deuxième cas, on constate une modification immédiate de la perception sonore et l'on découvre très vite d'autres qualités ou au contraire des imperfections qui existent parfois, soit dans le rythme, la justesse ou l'expression.

Françoise Legrand a une telle foi et un tel amour qu'elle renverserait des montagnes. Et la bourse de 10 000 euros par an, offerte pendant trois ans à chacun des enfants choisis pour qu'il puisse continuer à perfectionner sa technique avec d'excellents professeurs, est un rêve devenu réalité alors que certains d'entre eux vivent parfois dans des conditions matérielles peu favorables à l'apprentissage de la musique.
Ils sont donc tous venus à Paris en avion avec leur maman ou leur papa recevoir leur prix mais aussi - et c'est extraordinaire - un instrument de facture ancienne, valant plusieurs dizaines de milliers d'euros ! Quand on voit les enfants, en particulier le violoncelliste, entourer de leurs bras leur nouvel instrument, on ne peut qu'être ému. Ce jeune violoncelliste roumain interprète à 12 ans dans ce documentaire un court extrait de la Gigue de la Première suite pour violoncelle seul, en sol majeur, de Johann Sebastian Bach, avec la maîtrise d'un professionnel. Il aura certainement un bel avenir. D'ailleurs, Françoise Legrand ne s'y est pas trompée puisqu'elle envisage de le présenter plus tard au concours "Rostropovitch" qui est le concours de violoncelle le plus difficile au monde.

Le concert qui a suivi a été donné dans l'église Saint-Louis des Invalides à Paris. Il a permis au jeune Roumain Andreï, à l'Indien Gavin, au Thaïlandais Dong, au Tunisien Anès et à l'altiste Vénézuélienne Alexia dont la virtuosité est déjà grande, placés au milieu des musiciens de l'orchestre, de jouer avec leurs nouveaux instruments "La petite musique de nuit" (Eine Kleine Nachtmusik), sérénade composée par Wolfgang Amadeus Mozart le 10 août 1787 pour deux violons, alto, violoncelle et contrebasse (K. 525). Magnifique encouragement pour ces enfants qui deviendront sans doute les musiciens de demain.

Malheureusement, il semble que la musique classique soit devenue aujourd'hui un vice honteux et répréhensible puisque ce documentaire a été diffusé le samedi 16 juin de 23 h 15 à 00 h 07, heure à laquelle les enfants de France ne risquent plus rien puisqu'ils sont endormis. La rediffusion a été faite aussi le lundi 18 sur la même chaîne, de 03 h 55 à 04 h 47, horaire rêvé pour une "petite musique de nuit".

Avant le concert, l'un des enfants ayant demandé à une musicienne professionnelle de l'orchestre "Comment on peut être professionnel ?", celle-ci lui a répondu très justement avec humour :
"Il y a trois solutions : tu travailles,
                                     tu travailles,
                                     et tu travailles.".
Je pense que si on lui avait demandé comment encourager les enfants de France à faire de la musique classique, elle aurait probablement répondu :
"Il y a trois solutions : diffuser un tel documentaire à une heure de grande écoute,
                                     diffuser un tel documentaire à une heure de grande écoute,
                                     et diffuser un tel documentaire à une heure de grande écoute."

Carpe Diem... (Horace - Odes - An 8 avant J.C.).
 

Mstislav Rostropovitch (Les 6 Suites pour violoncelle seul de Jean-Sébastien Bach) - 2 DVD d'une durée totale de 240 minutes -
Production EMI Classics - édition spéciale (PCM stéréo, Dolby digital, DTS surround).

Cet enregistrement est devenu un document historique après le décès de Mstislav Rostropovitch le 27 avril 2007, à l'âge de 80 ans. Et cela pour plusieurs raisons :

          - la première, c'est que ce très grand violoncelliste présente en russe chacune des suites avant de les interpréter, comme il l'aurait fait de façon amicale devant les étudiants d'un conservatoire de musique (il existe un sous-titrage en plusieurs langues)  Il n'hésite pas à en tirer la philosophie, à donner des exemples au piano et même à l'orgue en se servant de celui de la Basilique romane de Vézelay où l'enregistrement a été réalisé en 1991 alors qu'il allait avoir 64 ans (il était né dans une famille juive de Bakou, en Azerbaïdjan, le 27 mars 1927). Il avait en effet appris le piano avant de commencer l'étude du violoncelle.

          - la deuxième, c'est que Mstislav Rostropovitch s'est réservé le droit (il était producteur délégué) de décider du rythme du travail, de choisir et de conserver seulement les prises qui lui convenaient (comme on l'indique dans la notice des DVD). Le nombre des prises qui furent jetées à la poubelle a été certainement important car il ne voulait graver sur ces DVD qu'une interprétation des Suites se rapprochant le plus possible de ce que Bach aurait peut-être souhaité entendre quand il les a composées.

          - la troisième, c'est l'endroit où fut réalisé l'enregistrement effectué par les techniciens de Radio-France : Rostropovitch, seul avec son violoncelle dans cette grande Basilique de l'Yonne, assis sur une chaise placée à différents endroits de la Basilique suivant les Suites, se trouvait dans un cadre hors du temps. Précisons que le violoncelle est probablement celui fabriqué en 1711 par Antonio Stradivari, appelé le "Duport", du nom de son premier propriétaire.

          - enfin, et c'est un argument plus "terre à terre" mais très important pour permettre au plus grand nombre de découvrir à la fois ces 6 Suites de Bach et ce grand Maître disparu récemment, on trouve ces deux DVD dans un coffret vendu 9,99 € dans une grande surface bien connue. Ce prix est étonnant dans la mesure où l'on sait que les DVD de musique classique se vendent en général entre 15 et 30 € l'unité. Il est vrai qu'il s'agit ici d'une réédition de 1995, mais bravo quand même !

On ne critique pas une telle interprétation et je m'en garderai bien. Quand on l'écoute en PCM stéréo, il m'a seulement semblé que certains "diminuendo" avaient peut-être été "aidés au potentiomètre" pendant le montage. Ce qui est plus gênant, c'est que ce montage apparaît trop dans certaines Suites au cours d'un même mouvement. En particulier dans la 2e Suite (par exemple dans le Prélude et la Sarabande) dont les prises de jour (les fenêtres laissent passer la lumière du jour) et celles de nuit (les fenêtres à l'arrière sont obscures) ont été intercalées les unes après les autres. Cela se voit très bien à l'image (merci aux fondus enchaînés...) mais heureusement on le perçoit moins dans le "son" quand on écoute.On me dira que "le commun des mortels ne s'en rendra pas compte" mais un tel monument musical n'aurait pas dû être "monté" de cette façon (je n'ose pas dire "masterisé" ou "remasterisé" par respect pour la langue française... !).

Pour avoir assisté en 1963 à la prise de son en stéréophonie de l'œuvre d'orgue de César Franck sur l'orgue rénové de l'église Sainte-Clotilde de Paris, je sais que les musiciens recherchent la perfection. Le maître Jean Langlais s'est donc repris plusieurs fois au cours des enregistrements qui avaient lieu pendant la nuit jusqu'au petit matin. Ce qui a posé des problèmes à l'ingénieur du son Robert Lurie au moment du montage. En effet, l'appareil utilisé à l'époque était un magnétophone à 38 cm/s dont la vitesse, entre le début des séances et la fin, variait légèrement en raison de l'échauffement des moteurs et des pièces en mouvement. C'était encore l'époque des pionniers dans le domaine de l'enregistrement sonore. J'en ai parlé dans l'un de mes livres.

Dans le cas des Suites pour violoncelle seul - et pour respecter la "vérité" recherchée par les musiciens quand il s'agit d'une telle œuvre - il aurait fallu effectuer les reprises éventuelles la même nuit ou le même jour car dans un grand édifice, l'influence de la température est importante et il existe toujours une certaine agitation thermique naturelle de l'air qui varie entre le jour et la nuit et change légèrement la couleur sonore, surtout quand la disposition des micros a été modifiée entre les différentes Suites (ils ne sont plus à la même hauteur, l'un par rapport à l'autre). On constate aussi que le niveau n'est pas toujours identique ce qui nécessite des réajustements pendant l'écoute des DVD. La prise de son est un travail d'orfèvre dont chaque petit détail peut avoir de l'importance.

Il aurait été préférable de conserver l'unité de lieu (les places respectives du musicien et des micros) et de temps (soit le jour, soit la nuit) sans changer les réglages mis au point à l'avance et bien équilibrés afin de conserver la même couleur et la même sonorité au violoncelle. La prise de son doit être le miroir de la réalité et les 6 Suites de Bach forment un "tout", même si elles sont très différentes les unes des autres par leur caractère et leur tonalité.

Pour conserver la pureté d'une œuvre, c'est l'artiste qui doit effectuer les diminuendo et les crescendo (en un mot les nuances) qui feront revivre ce qu'a voulu exprimer le compositeur ;
non un système électronique. Les appareils d'enregistrement ne sont que des boîtes destinées à mettre en mémoire le plus fidèlement possible ces moments privilégiés et ils ne doivent pas façonner les sons au gré du jour, de la nuit ou de l'oreille de ceux qui contrôlent la qualité car la perception des êtres humains peut varier assez vite après des écoutes prolongées (surtout avec un casque... !). Aujourd'hui, on utilise trop facilement les possibilités de montage et de trucage permises par les techniques numériques, certes remarquables mais qui éliminent le côté naturel et humain de l'exécution musicale pour aboutir à un résultat n'existant pas dans la vie courante. Il faut toujours penser qu'au temps de Bach, celui-ci et ses musiciens ne pouvaient pas "truquer" leurs interprétations. Ce sont eux qui détenaient la vérité sur la façon de jouer dans la continuité les œuvres composées.

Néanmoins, ces deux DVD sont un témoignage de la perfection d'exécution qu'exigeait pour lui-même Mstislav Rostropovitch. Et la présentation faite avec simplicité avant chacune des Suites est un véritable document pédagogique qui ne peut que forcer l'admiration avec ses exemples concrets effectués au piano ou à l'orgue pour expliquer l'utilité des "points d'orgue", les "résolutions" qui suivent et les particularités de composition des Suites de Bach. Ces deux DVD marqueront donc l'année 2007, d'autant plus que la prise de son, écoutée sans voir l'image, paraît meilleure (quoique inégale à certains moments), ce qui correspond à la remarque faite par le chef d'orchestre Françoise Legrand dans le film TV "Petits virtuoses du bout du monde" (voir présentation précédente). Regrettons seulement que dans le livret de deux feuillets qui se trouve à l'intérieur du boîtier on n'ait pas ajouté un troisième feuillet sur lequel l'ingénieur du son de Radio France aurait pu parler des techniques employées et des difficultés rencontrées qui furent probablement nombreuses. On le fait trop rarement et c'est dommage car aujourd'hui, de plus en plus de musiciens tiennent compte de la réalisation. D'ailleurs, quand on veut devenir ingénieur du son à Radio France, ne faut-il pas passer un examen très difficile pour lequel il est nécessaire d'être aussi compétent en musique qu'en électronique et en prise de son ?

Ces deux DVD et les deux remarquables CD enregistrés en 1998 par le violoncelliste russe Boris Pergamenschikow,dans le studio Teije van Geest de Heildelberg en Allemagne, avec une technique de "haute fidélité", resteront à mes oreilles - pour des raisons différentes - deux références parmi les interprétations déjà éditées des 6 Suites pour violoncelle seul de "notre père le Bach".

Dans les deux cas, c'est de la belle ouvrage !

Mozart : 3 concertos pour piano (n° 9 en mi bémol majeur - K 271,
n° 12 en la majeur - K 414, n° 26 en ré majeur - K 537, dit "du couronnement").
DVD de 95 minutes en stéréo, Dolby 5.1 et DTS 5.1, produit en 2005 par EuroArts Music et Brilliant media (Réf. 2010218).

Voici trois interprétations remarquables, enregistrées à la perfection avec un juste rapport entre le piano et l'orchestre dans les trois prises de son, bien qu'elles aient été été effectuées dans des salles  différentes au cours de concerts publics. On reconnaît ici  le professionnalisme des techniciens de la firme EuroArts dont j'ai déjà parlé supra.

Le Concerto n° 9 est surnommé parfois "Jeunehomme" parce qu'il a été écrit par Mozart en 1777, dans sa vingt et unième année, pour une pianiste française Mademoiselle Jeunehomme. C'est dans la très belle salle du "Mozarteum" de Salzburg, en Autriche, que l'enregistrement a été réalisé avec la pianiste japonaise Mitsuko Uchida, l'orchestre du Mozarteum étant dirigé par Jeffrey Tate.
La très grande sensibilité de Mitsuko Uchida apparaît immédiatement dans son jeu, en particulier dans le deuxième mouvement (Andantino) qui
  fait dire rien qu'en l'entendant  "c'est du Mozart..." ! Magnifique interprétation qui change de celles d'autres interprètes, pourtant talentueux.

Le  Concerto n° 12 en la majeur nous transporte à l'époque de Mozart ! En effet, c'est le soliste, Vladimir Ashkenazy, qui dirige le Royal Philharmonic Orchestra, le concert ayant été enregistré dans la salle du "Hampton Court Palace" de Londres, le 22 juin 1990.
Mozart jouait souvent ses Concertos en dirigeant lui-même les musiciens et Vladimir Ashkenazy, par son amabilité souriante, la précision de sa direction et la perfection de son exécution, fait immédiatement penser à ce que devaient être les concerts dans les grands salons des gens fortunés du XVIIIe siècle. Ce Concerto n° 12 en est transfiguré !

Enfin, le Concerto n° 26, surnommé le "Concerto du Couronnement" parce que Mozart l'avait  joué le 15 octobre 1790 pour les fêtes du couronnement de l'empereur Leopold II, a été composé en février 1788. Mozart espérait encore gagner un peu d'argent ou obtenir une place lui permettant de vivre à l'abri du besoin. Ce ne fut pas le cas et il mourut quelques années plus tard, dans la misère, à 35 ans.
Le soliste Homero Francesch interprète magistralement cette oeuvre magnifique, qui fut souvent  jouée au XIXe siècle. Homero Francesch possède une grande virtuosité mais aussi une très grande sensibilité qui apparaît bien dans le court "Larghetto" central d'une durée de 5 minutes, suivi par le brillant "Allegretto" final de 11 minutes. L'enregistrement a été fait dans la salle de concert "Christian-Zais-Saal" de Wiesbaden, en Allemagne, avec l'orchestre de chambre "Deutsche  Kammerphilharmonie" dirigé par Gerd Albrecht. C'est remarquable.

Ce DVD est à conseiller mais, dois-je le dire, il ne m'a coûté que... 1 euro ! Et ce n'était pas le premier jour des soldes dans ce magasin bien connu dont le sigle n'a que 4 lettres. Il faut croire que le pauvre Wolfgang Amadeus Mozart, mort le 5 décembre 1791 et mis en terre dans la fosse commune, ne fait même plus recette aujourd'hui étant donné le nombre d'acheteurs qui sont passés devant le présentoir où se tenait cette merveille à 1 euro ! Je laisse aux Internautes le soin de conclure...

Le piano oublié (un film de Henri Helman, tourné en 2006, avec Jacques Perrin dans le rôle de Benjamin et Corentin Martel dans le rôle de Julien) :

Ce très beau film de 1 h 37, déjà diffusé sur FR 3 le jeudi 12 avril 2007, a été de nouveau programmé sur "TV5 Monde" le lundi  21 avril 2008. Remarquablement interprété par Jacques Perrin et le jeune Corentin Martel, il retrace l'histoire d'un enfant, Julien, passionné par le piano mais dont le père, imprimeur, refuse de voir son fils se consacrer à la musique. C'est donc sa femme qui paie les leçons de piano pour que Julien puisse suivre les cours de l'école de musique de la ville où  ils habitent. Un jour, en se promenant avec sa camarade d'école, il découvre un piano à queue dans une  grange abandonnée. Un homme âgé, Benjamin, le surprend et il est étonné quand Julien joue sur le piano à sa demande. Or, Benjamin est un très grand pianiste, qui a été déporté pendant la guerre sur la dénonciation d'un habitant du village...

Je ne dévoilerai pas la fin de ce film mais il peut servir de base de discussion à de nombreux parents qui n'encouragent pas toujours leurs enfants à poursuivre des études musicales parce que dans le climat actuel de précarité qui règne en France, jouer du piano "n'a jamais nourri son homme", comme on le disait jadis. À moins d'être un musicien de très haut niveau !
On pourra d'ailleurs rapprocher ce très beau document, certes de fiction, de celui des "Petits virtuoses du bout du monde" dont il a été question ci-dessus et qui montre la réalité d'aujourd'hui.


Une leçon de musique à la Villa Médicis (film de 55 minutes tourné par la Télévision française en avril 1989, avec le célèbre claveciniste Scott Ross et deux de ses élèves de l'époque, devenus maintenant d'excellents clavecinistes).

Ce document, diffusé plusieurs fois par la chaîne ARTE en 2011, est très émouvant car Scott Ross est décédé du SIDA dans sa maison d'ASSAS, le 13 juin 1989, un mois et demi après la fin du tournage à Rome. Selon ses dernières volontés, ses cendres ont été dispersées par un avion au-dessus de ce petit village de l'Hérault. Pour ceux qui n'auraient pas vu ce film au moment de sa diffusion, il existe maintenant un DVD vendu dans le commerce.
Cet extraordinaire claveciniste était né en 1951 à Pittsburgh en Pennsylvanie. 
Michel-E. Proulx, facteur de clavecins dans la ville de Québec au Canada, a eu l'occasion de rencontrer plusieurs fois Scott-Ross. Il est vrai que depuis 1973, Scott-Ross avait enseigné pendant 13 ans le clavecin à l'EMUL (École  de Musique de l'Université de Laval). Quand Michel-E. Proulx apprit son décès en France, il eut l'idée de rédiger sa biographie et d'en faire un mémoire pour sa Maîtrise d'Histoire. Remarquable travail, très documenté, réalisé d'après des témoignages recueillis, que l'on peut consulter sur Internet :

http://archets.voila.net/scottross/srbio.html  ou  http://www.memetics-story.com/article-7348559.html.

Dans ce mémoire, Michel-E. Proulx raconte qu'en 1971, après l'audition de Scott Ross qui s'était présenté au célèbre Concours de Clavecin de Bruges en jeans, avec des cheveux longs et sans partition contrairement à la coutume, un membre du jury s'est penché pour dire à son voisin Kenneth Gilbert que Scott Ross "avait joué le Prélude et Fugue en fa dièse majeur de J-S. Bach comme s'il l'avait composé lui-même". Il obtint à l'unanimité le premier prix qui, jusque-là, n'avait jamais été décerné depuis que ce concours avait été créé.
Scott Ross laissera le souvenir du claveciniste le plus authentique du vingtième siècle, celui qui a vraiment compris comment on doit jouer et interpréter les oeuvres des musiciens de la période baroque parce qu'il a lui-même souvent fréquenté les facteurs de clavecins. Il est vrai que dans son enfance, il avait mis des punaises sur les marteaux de son piano pour imiter le son du clavecin, faute de pouvoir en acheter un ! Et les "Variations Goldberg" (BWV 988), enregistrées à Ottawa en avril 1985 pendant un concert public donné dans le Pavillon Tabaret de l'Université, est pour moi la meilleure version qui existe (clavecin Yves Beaupré - CD Erato 3984-20972-2).

Merci à ARTE d'avoir eu le courage de programmer de telles émissions musicales exceptionnelles à des heures de grande écoute et de les rediffuser plusieurs fois par la suite, le matin de bonne heure, pour ceux n'ayant pu être présents lors de la première transmission en TNT. Et surtout de continuer à le faire...!

                                                                                                                             à suivre...

© C. Gendre (6 mai 2012)

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