multicanal
Retour Page précédente  <  >  Retour Page d'accueil
 

 D'autres techniques pour
la prise de son...

******

Quelques considérations...
On pensait, il y a 10 ou 15 ans, que l'on avait envisagé toutes les solutions pour la prise de son... ! C'était ignorer combien l'être humain a de ressources dans le domaine de la recherche du "toujours mieux...".
Malheureusement, il faut bien se rendre compte que l'on arrive parfois à des absurdités : par exemple, effectuer un enregistrement avec un échantillonnage à 96 kHz pour l'éditer en MP3 avec la dégradation que ce format apporte au signal d'origine. Ou acheter un lecteur de SACD pour écouter des disques SACD provenant de "remastérisations" (quel horrible terme...) d'anciens enregistrements effectués sur bande en stéréophonie : voir la page  SACD, CD ou DVD audio .
Ou encore acheter très cher un ensemble 5.1 avec des haut-parleurs enfermés dans des petits coffrets en matière plastique qui seront incapables de restituer ce que l'on appelait jadis "la Haute Fidélité".
Il faut aussi savoir que 30 % des jeunes ont des déficiences auditives et n'entendent plus les sons au-dessus de 7 à 8000 hertz parce que leurs oreilles ont été soumises trop longtemps à des puissances exagérées, soit en écoutant un baladeur au casque, soit dans les discothèques, soit dans la voiture de leurs parents quand ceux-ci veulent épater leurs voisins...!

Aujourd'hui on recherche trop le "spectaculaire" avec un son latéral ou arrière trafiqué pour impressionner les auditeurs quand
ils regardent un DVD avec les procédés 5.0, 5.1 et bientôt 7.1 qui nécessitera 8 enceintes acoustiques réparties dans la pièce.
Il faut par conséquent raison garder et le CD en stéréophonie est toujours excellent à condition que l'enregistrement gravé ait été très bien fait
(écoutez les prises de son faites par Pierre Vérany pour la Viole de gambe de Jordy Savall sur le disque Auvidis K 4640, celles de Nicolas Bartholomée pour l'ensemble "Le Concert des nations" et celles de Bertrand Duhamel des
éditions Passions pour les orgues des Cathédrales de Troyes et d'Auxerre).

Le "multicanal" doit seulement restituer l'ambiance réelle de la salle de concert. Et dans la réalité, cette ambiance est très faible par rapport au
son direct provenant de l'orchestre. Il est donc préférable de n'avoir que deux enceintes alimentées par un ensemble amplificateur, lecteur et convertisseur d'une bonne qualité en ce qui concerne la puissance, l'amortissement, le taux de distorsion et le rapport signal/bruit.
Six petites enceintes, belles et agréables à regarder, ne seront peut-être pas capables de reproduire fidèlement ce que l'on entendrait dans une  salle. Elles risquent plutôt d'exagérer les effets !

Néanmoins, de nouveaux procédés de prise de son de type "multicanal" ont fait leur apparition pour 3 canaux avant, pour le son " 5.0 " et pour le 5.1 (identique au 5.0 mais avec un canal supplémentaire pour les fréquences très basses). Ils ont déjà été expérimentés par leurs créateurs mais pourront être modifiés et adaptés selon les besoins
de chaque preneur de son.

Le multicanal permet d'éviter ce que l'on a souvent reproché à la haute-fidélité en stéréo : la nécessité de se placer au sommet d'un triangle équilatéral dont les deux autres sommets arrivent aux enceintes pour pouvoir profiter pleinement de l'effet stéréophonique
(ce point est appelé en anglais le "sweet spot").

Le "Double M-S"
Sur la page suivante "Prise de son, vous avez la parole...", on verra les différents systèmes de prise de son en stéréophonie : A-B, X-Y, ORTF (110°/17 cm), à disque Jecklin et à matriçage M-S (Mitte-Seite). 

Mais le système "Double M-S", présenté par la firme allemande Schoeps, a l'avantage de n'utiliser que trois microphones pour effectuer un enregistrement "surround" 5.0 :
- un microphone cardioïde pour le centre,
- un microphone bi-directionnel pour les côtés gauche et droit,
- un deuxième microphone cardioïde placé en sens inverse pour l'arrière (il représente avec le bi-directionnel un deuxième couple M-S).

MSdouble
Système "Double M-S" à trois micros (deux cardioïdes et un omnidirectionnel).
Dans la réalité, les trois capsules sont placées les unes au-dessus des autres
sur un même axe vertical dans une suspension élastique.
(Document Schoeps GmbH).

Un boîtier de matriçage permet d'obtenir cinq canaux : un canal central, deux canaux avant gauche/droit et deux canaux arrière gauche/droit. En utilisant la suspension élastique spéciale de la firme Schoeps avec des micros très petits (par exemple du type CCM 4 et CCM 8), on obtient un ensemble peu encombrant et facile à mettre en oeuvre sur un pied ou une perche.

Le système OCT avant (Optimized Cardioïd Triangle)
Cet autre procédé de prise de son, qui peut avoir plusieurs variantes avec un nombre de micros différent, a été conçu par le docteur Theile de la firme Schoeps. On utilise un seul micro pour le centre, de type cardioïde, situé dans l'axe. À 8 cm en arrière, on place à chaque extrémité d'une barre un micro super-cardioïde, orienté à 90° par rapport à l'axe de la prise de son. Ces deux micros opposés sont donc dirigés vers les côtés gauche et droit. Leur écartement détermine l'angle de la prise de son :
40 cm : 160 degrés
50 cm : 140 degrés
60 cm : 120 degrés
80 cm : 100 degrés.
OCT2
 Principe du système OCT. Les deux micros latéraux sont des super-cardioïdes et le micro  central peut être un  omnidirectionnel si l'on veut obtenir une meilleure reproduction des fréquences graves par rapport aux cardoïdes.
(document Schoeps GmbH)

Des variantes existent pour 5 canaux avec deux micros cardioïdes supplémentaires fixés aux extrémités d'une deuxième barre parallèle placée à 40 cm de la première, à la même hauteur. Ces micros supplémentaires sont orientés vers l'arrière.

La technique INA 3 (Ideale Nieren Anordnung : configuration idéale de cardioïdes)
Il existe une variante de l'OCT dont l'acronyme pourrait faire penser que c'est l'Institut National de l'Audiovisuel français (INA) qui l'a inventée...! Il n'en est rien. L'INA3 reprend le principe des trois micros cardioïdes mais cette fois, ils sont parallèles, tournés vers l'avant et beaucoup plus rapprochés.
INA3
Système INA 3. Sur ce dessin, l'angle est de 120 degrés. Un espacement d'une vingtaine de centimètres entre les capsules latérales avec une avancée d'environ 5 cm pour la capsule centrale devrait donner de bons résultats (Klangkörper : source sonore).
(document Jörg Wuttke/Schoeps GmbH)

L'encombrement est réduit par rapport au procédé OCT. Il se rapproche de celui du couple ORTF 110°/17 cm. On peut enregistrer les trois canaux séparément afin d'alimenter trois enceintes acoustiques (une centrale et deux latérales) mais on peut aussi se servir d'une table de mixage pour effectuer un enregistrement stéréophonique en dirigeant le micro cardioïde central en parts égales sur les canaux gauche et droit tandis que les micros latéraux seront attribués au canal gauche pour l'un et au canal droit pour l'autre grâce aux potentiomètres panoramiques.
Le réglage des niveaux permettra d'équilibrer l'effet spatial.

La croix microphonique IRT
Une autre technique de prise de son consiste à placer quatre micros cardioïdes aux quatre angles d'un carré, les axes étant dans le prolongement des diagonales (le montage est donc symétrique).
Pour obtenir une reproduction conforme à la réalité à partir d'un enregistrement sur 4 canaux séparés, quatre enceintes acoustiques devront être disposées à 90 degrés les unes par rapport aux autres. On obtiendra ainsi une bonne localisation dans le plan horizontal.
On pourra rapprocher ce procédé de l'holophonie
de Jacques Chaponnay qui s'attache au contraire
à la localisation du son dans un plan vertical.

IRT

Croix microphonique IRT. À l'origine, elle était plutôt destinée à un son "d'ambiance" mais on peut très bien l'utiliser pour la prise de son d'un concert en présence du public ou pour une prise de son dans un milieu naturel.
(document Jörg Wuttke/Schoeps GmbH)
Tous les procédés dont nous venons de parler peuvent être utilisés pour la prise de son à 5 canaux à condition d'ajouter deux micros tournés vers l'arrière. Il existe naturellement d'autres techniques de prise de son en "multicanal" : Soundfield, Multi-microphone Array, ASM5 (Adjustable Surround Microphone), Sphère KFM 360, mais il serait trop long
de les décrire tous.

La prise de son de type multicanal permet d'étendre la zone d'écoute dans laquelle il sera possible pour un plus grand nombre d'auditeurs de profiter pleinement du message sonore et par conséquent de ne plus se placer uniquement au "sweet spot". La diffusion stéréophonique limite en effet cette zone à ce point particulier mais tout le monde
ne peut pas se placer au même endroit !

  
Avec le son multicanal, que ce soit dans une salle de spectacle ou dans un salon, la localisation de l'origine des sons sera donc plus facile pour un nombre d'auditeurs plus important.

© C. Gendre (1er mars 2004) - Sources : conférence de M. Jörg Wuttke

Page précédente  <  >  Page suivante