Les chasseurs
de
Sons...
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Le Télégraphone :Dès la fin de la guerre de 1939-1945, des émissions destinées
aux chasseurs de sons furent diffusées sur les antennes
de la radio nationale.
En effet, il existait à l'époque des amateurs possédant des graveurs de disques 78 tours. C'est en février 1948 que Jean Thévenot eut l'idée de faire appel aux amateurs qui "gravaient" des 78 tours chez eux. Il leur demanda d'envoyer un enregistrement pour une "Journée du disque" dont le producteur était Pierre Brive. Mais devant l'afflux des envois, il lui fallut se résoudre à créer une émission spéciale qui prit le nom de
"Place aux particuliers". Accueillie ensuite par le "Club d'essai" sous le titre "On grave à domicile", elle devint "Aux quatre vents" lorsqu'elle fut diffusée sur les antennes du Programme Parisien.L'arrivée des premiers magnétophones sur le marché au début des années cinquante donna la possibilité aux amateurs de faire des enregistrements plus longs et surtout d'effectuer un "montage" grâce à l'utilisation d'une bande magnétique que l'on pouvait couper et recoller
sans que cela s'entende.
Ils disposaient enfin d'un appareil d'une qualité supérieure
à celle des graveurs de disques 78 tours et d'un emploi plus facile.Les Associations de passionnés :Rappelons que le principe du magnétophone a été découvert par un danois, Valdemar Poulsen, en 1898. Il baptisa son appareil le "Télégraphone".
Le premier Télégraphone utilisait un fil d'acier enroulé à spires jointives sur un tambour analogue à celui des phonographes à cylindres.
Une tête magnétique parcourait toute la longueur du fil quand le tambour tournait et elle l'aimantait suivant les modulations de la voix.
On pourra se reporter à la page "Les Magnétophones" pour connaître
la suite de l'histoire.
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Le premier "Télégraphone" de Valdemar Poulsen.
L'électro-aimant se déplace sur le fil à l'aide de la vis sans fin
qui le supporte. La poulie, sur l'axe du cylindre,
sert à le faire tourner à l'aide d'une courroie reliée à un moteur.
On voit à droite le micro (type téléphone) et à gauche deux écouteurs.
(in : Les Magnétophones de C. Gendre - éditions Dunod)Comment faire aujourd'hui ?Après la commercialisation des premiers modèles de magnétophones pour le grand-public, des passionnés de "chasse aux sons" commencèrent à utiliser ces appareils pour enregistrer des concerts, des bruits de la nature,
la voix de leurs amis, des entretiens avec des personnalités
hors du commun et bien d'autres choses.
Une première association fut fondée en juin 1949 sous le nom d'ADAES (Association des Amateurs de l'Enregistrement Sonore) dont le siège social
se trouvait à la Phonothèque Nationale, 19 rue des Bernardins à Paris. Elle était présidée par un ingénieur, Jacques Bureau. C'est en 1951 qu'elle fut agréée comme "Organisation d'éducation populaire" sous le numéro 19252.
Quand on lit le programme des réunions de l'année 1953, on voit qu'en octobre il y avait une causerie sur "Les appareils d'enregistrement sur fil magnétique" suivie de travaux pratiques : "Enregistrements sur fil d'acier".
Puis, en novembre, une causerie sur "Les appareils d'enregistrement magnétique" avec, comme travaux pratiques : "Enregistrements sur bande".
Enfin, en décembre, une causerie sur "Les microphones" suivie de
"prises de son avec différents microphones".À cette époque, la cotisation de l'ADAES (en anciens francs) était
de 500 Francs + 500 Francs de droit d'inscription la première année dont étaient dispensés les jeunes de moins de 21 ans, les étudiants
de tous les âges et les aveugles.
C'est le 4 septembre 1954 que l'ADAES se transforma en AFDERS
(Association Française pour le Développement de l'Enregistrement
et de la Reproduction Sonores).
Les réunions régulières de prises de son, les écoutes-critiques d'enceintes acoustiques ainsi que les présentations de matériel furent annoncées dans
les pages de l'ancienne "Revue du Son" qui a joué un grand rôle dans le développement de la Haute-Fidélité en France.
À l'initiative de Jean Thévenot, pour légaliser les activités des amateurs, une
"Fédération Française des Chasseurs de Son" (FFCS) vit le jour en 1956,
suivie d'une "Fédération Internationale des Chasseurs de Son" (FICS).
La FICS prit en charge l'organisation des concours comme le CIMES
(Concours International du Meilleur Enregistrement Sonore).
Ce concours avait été créé par Jean Thévenot et René Monet en 1951
et il devint international en 1952. En 2004, ce sera le 53ème CIMES
qui aura lieu à Piestany en Slovaquie.
Pour recevoir des informations sur ce concours et les émissions,
envoyer un e-mail à multimed@noos.fr.Mais L'AFDERS existe encore aujourd'hui et les membres
se réunissent régulièrement tous les quinze jours.
Malheureusement, l'émission "Aux quatre vents " a été supprimée par
Radio-France après son cinquantième anniversaire alors qu'elle avait tant fait pour développer l'enregistrement sonore ! On lui doit probablement les premiers succès du fameux magnétophone autonome "Nagra",
car c'est dans cette émission, à l'occasion du CIMES 52,
que le "Nagra I" à moteur mécanique à manivelle
a été révélé au monde des techniciens du son. Il avait été construit
en 1951 par un jeune étudiant suisse, Stefan Kudelski.
C'était l'époque des pionniers qui cherchaient à perfectionner
leur matériel pour faire de meilleures prises de son et de meilleurs enregistrements dans toutes les conditions.
Actuellement, avec la disparition de l'émission "Aux quatre vents" et malgré les efforts de Dominique Calace de Ferluc qui a pris la suite de Jean Thévenot et de Paul Robert, les passionnés d'enregistrement sonore et
les chasseurs de son n'ont plus de références ni de possibilités
de comparaison pour évaluer leur travail.
Cela, même si des enregistrements d'amateurs sont diffusés dans quelques émissions qui passent à certaines heures peu pratiques ! Et s'agit-il encore d'amateurs quand on entend les enregistrements présentés ?La solution ?Ce site, consacré au son et à l'enregistrement, pourra peut-être rendre
service à deux catégories de passionnés :- À ceux qui sont passionnés par l'enregistrement sonore et possèdent un très bon matériel, une certaine expérience des prises de son, mais ne savent plus quoi faire parce que les musiciens professionnels refusent - à juste titre - que l'on enregistre leurs concerts afin d'éviter la piraterie. En effet, des gens sans scrupules ont parfois enregistré des concerts d'artistes connus, les ont reproduits sur des disques et les ont vendus à leur profit en dehors de toute légalité.
- Aux musiciens "amateurs", souvent jeunes, qui n'ont pas suffisamment d'argent pour se faire enregistrer par un studio professionnel, en général très cher. La solution qui consiste à se faire enregistrer par un copain ou un ami avec un matériel grand-public ne satisfait pas toujours leurs oreilles, car "l'écoute" d'un vrai musicien est exigeante, très critique, et elle voudrait retrouver exactement le son de l'instrument lui-même. Bien que le numérique soit excellent, ce n'est pas le cas si l'on utilise un son "compressé", trafiqué par des correcteurs de tonalité ou par le passage dans un logiciel d'ordinateur.
Le "tape-à-l'oeil" qui consiste à déployer un matériel impressionnant ne veut pas dire obligatoirement que l'enregistrement réalisé sera bon. C'est parfois l'inverse ! Moins on utilise d'appareils entre la source et le support, plus fidèle sera le résultat. Le reste n'est souvent que de la "poudre aux yeux" pour impressionner les béotiens !
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Gramophone d'origine anglaise (années 1910/1920)
(Photo Claude Gendre)C'est de mettre en rapport ceux qui enregistrent et ceux qui jouent...Si vous êtes passionnés par l'enregistrement sonore et que vous cherchiez des concerts ou des musiciens pour les enregistrer dans un esprit d'amateur mais avec une qualité "haute-fidélité", vous pouvez proposer aux formations musicales de votre région (conservatoire, chorale, orchestre, harmonie municipale, jazz-band, groupe moderne) de vous mettre à leur disposition pour enregistrer les musiciens qui voudraient bien s'entendre mais ne sont pas assez fortunés pour payer les heures de studio nécessaires. Loin d'enlever du travail aux professionnels, c'est l'inverse qui se produira quand ces artistes, après un premier essai, se tourneront vers eux pour réaliser et faire éditer un Compact-Disc destiné au marché traditionnel.
La participation des vrais "amateurs" s'arrête où commence le travail des professionnels ! Cela même si leurs enregistrements sont parfois de très haut niveau technique. Certains amateurs chevronnés ont en effet une longue expérience et savent prendre le temps qu'il faut pour réussir une belle prise de son. Il s'agit pour eux d'une passion et les heures de travail ne comptent pas à une époque où le monde va trop vite et cherche avant tout la rentabilité. L'ART et l'ARGENT n'ont jamais fait bon ménage !
C'est en mettant en rapport les uns avec les autres que l'on fera progresser la technique et la perfection de l'enregistrement sonore.
© C. Gendre
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