¤ Les câbles de liaison ont-ils une importance aussi grande qu'on le dit ? On en trouve en effet à des prix variant de 80 à 200 FF (12,19 € à 30,50 €). Ils vont même jusqu'à 2000 FF (304,90 €) - et parfois plus - pour une longueur et un usage identiques ?
- C'est une question très pertinente mais il faut tout d'abord savoir de quelles liaisons il s'agit :a) liaison entre l'ampli et les enceintes acoustiques (ou les haut-parleurs).b) liaison au niveau « ligne » (par exemple entre un DAT, un DCC, un lecteur de CD et le préampli ou l'ampli).
Liaison ampli-enceintes acoustiques : il est important de savoir que l'intensité qui circule dans les câbles de ce genre de liaison peut être élevée. Par exemple, avec des enceintes de 4 ohms et un ampli de 100 watts, l'intensité atteint 5 ampères sous 20 volts. Plus le câble est long, plus la perte peut être importante si ce dernier a un trop petit diamètre puisqu'il possède une certaine résistance en ohms. Il consomme de l'énergie et il s'échauffe par effet joule :W (quantité de chaleur dégagée pendant le temps t) =R .I².t (R résistance en ohms, I intensité en ampères, t durée d'utilisation)
avec pour conséquence une diminution de la puissance sonore. Il faut donc utiliser un câble d'un diamètre suffisant pour avoir une faible résistance. Plus la longueur de la liaison sera longue, plus le câble doit être gros.
Précisons qu'il ne faut jamais utiliser un câble blindé pour une liaison ampli-haut-parleur. En effet, il se produirait dans un tel câble une capacité entre l'âme et le blindage qui modifierait la courbe de réponse en agissant comme un condensateur.
Liaison au niveau ligne (ou micro) : Dans ce genre de liaison, l'intensité est négligeable avec des tensions très réduites, de l'ordre du volt. La grosseur du câble peut donc être faible mais sans exagération pour ne pas amener une résistance importante quand la ligne est longue. En revanche, il est nécessaire d'avoir de bonnes prises aux extrémités, bien serties ou bien soudées, car c'est souvent là que se situent les mauvais contacts en raison des connexions successives. De plus, il se produit souvent - au bout d'un certain temps de branchement - une oxydation due à l'humidité de l'air. Des prises dorées ou plaquées or ne peuvent qu'améliorer les choses. On en trouve maintenant à des prix abordables.Dans ce genre de liaison, il est obligatoire d'avoir un câble blindé pour éviter les inductions parasites et il est important que l'isolant soit assez épais. En effet, il faut éviter l'effet de capacité entre l'âme et le blindage qui agirait comme un condensateur sur la modulation et atténuerait certaines fréquences en modifiant la courbe de réponse. La gaine extérieure doit également être très robuste, surtout dans le cas des rallonges de micros car il est fréquent que l'on marche dessus quand on fait des prises de son.Certes, la composition de l'âme du câble doit être la meilleure possible, sans discontinuité et sans impuretés qui pourraient s'opposer à la libre circulation des électrons car un câble ne sert qu'au déplacement d'une charge électrique. On utilise en général du cuivre, bon propagateur de l'électricité avec, parfois, un alliage désoxygéné. Il est donc inutile de dépenser des sommes correspondant au prix d'un voyage en avion dans l'espoir d'améliorer la qualité sonore d'une installation. Rappelons que l'oreille n'entend pas une différence de niveau en dessous de 2 dB et elle connaît - comme les yeux - des limites de définition très vite atteintes. Les spécialistes eux-mêmes considèrent qu'il faudrait des appareils permettant de distinguer des écarts de l'ordre du 1/10 000e (ou même 1/100 000e) pour constater une différence. Or, on sait que l'on ne donne plus les taux de pleurage des enregistreurs numériques, tellement ils sont faibles et dépassent les possibilités des instruments de mesure. Alors que penser d'un auditeur qui ferait une distinction entre deux liaisons par des câbles différents ! Il suffit de faire une comparaison en « aveugle » pour s'apercevoir que l'auditeur est incapable de distinguer si c'est l'un ou l'autre des câbles qui est branché. La subjectivité peut faire gagner beaucoup d'argent. Il existe heureusement de très bons câbles à des prix raisonnables, avec de bonnes prises bien soudées ou bien serties, qui donnent toute satisfaction.
¤ J'ai lu qu'au moment de l'enregistrement d'une bande magnétique, les cristaux d'oxyde s'orientent sur le ruban sous l'action du champ magnétique. Est-ce vrai ?C'est faux et c'est impossible pour la bonne raison que les cristaux sont collés sur le support par
un liant quand on fabrique la bande. Au moment du dépôt de la couche d'oxyde, on fait passer la bande dans un champ magnétique très puissant qui oriente les cristaux aciculaires (en forme d'aiguilles) quand le mélange est encore visqueux, afin d'augmenter la densité (les aiguilles se
placent ainsi les unes à côté des autres sous l'action de l'aimant). Pendant le séchage, le liant s'évapore et les cristaux restent solidaires du ruban.
Dans le cas des bandes dites « à métal évaporé », on enduit le support sous vide par sublimation, c'est-à-dire que du métal (et non des cristaux d'oxyde) s'évapore sous l'action d'un flux d'électrons en venant recouvrir le ruban. La surface de ces bandes est évidemment plus lisse et convient mieux aux enregistrements numériques et à la Vidéo Hi-8.
En réalité, le champ magnétique délivré par la tête d'enregistrement aimante la bande avec des orientations nord et sud qui servent, au moment de la lecture, à reconstituer le message sonore analogique.¤ L'un de mes amis m'a dit que les bandes magnétiques s'effaçaient au bout de dix ans. Est-ce vrai ?
Pas du tout. J'ai voulu en fournir la preuve en recopiant deux enregistrements
anciens sur le CD qui accompagne mon dernier livre
« Enregistrement et conservation des documents sonores ».L'un a été effectué il y a quarante-six ans sur le magnétophone que j'avais construit
et n'a pas perdu une ride. L'autre est l'un des premiers enregistrements réalisés
en 1936 sur des bandes magnétiques "kraft" BASF avec l'appareil
AEG/Telefunken appelé magnetophon.
Il est certain que la qualité sonore n'est pas comparable à ce que l'onfait aujourd'hui en raison du matériel de l'époque (en particulier à cause de l'absence de prémagnétisation pour celui de 1936), mais l'audition est identique à ce qu'elle était au moment de l'enregistrement. Peut-être le niveau a-t-il diminué de 1 ou 2 dB mais c'est insensible à l'oreille et les appareils de lecture actuels, bien supérieurs aux anciens, ne permettent pas de s'en rendre compte. Je ne parle ici que des bandes audio. Pour les enregistrements faits avec un magnétoscope, le problème est différent en raison des fréquences élevées et des têtes rotatives. Dans le cas des enregistrements numériques actuels, le risque de perte des informations est encore moindre puisqu'il s'agit d'impulsions dont le niveau importe peu. En effet, on se contente de les compter et il est très facile d'augmenter l'amplification, le bruit de fond n'étant pas pris en compte comme dans le cas des enregistrements analogiques (néanmoins jusqu'à une certaine limite !). Le champ magnétique terrestre a donc peu d'influence sur l'aimantation des bandes mais il ne faut pas, évidemment, les placer près d'un transformateur, d'un téléphone, d'un gros aimant (haut-parleur par exemple), etc.
¤ Comment sont faits les microphones à électrets ? Peut-on les utiliser sur tous les appareils ?
- Les microphones à électrets ont fait leur apparition après les travaux de G.M. Sessler en 1962. Ce sont des microphones du type électrostatique auxquels il n'est pas nécessaire d'envoyer une tension de polarisation comme dans le cas des « vrais » électrostatiques du type Neumann, Schoeps, Beyer, AKG, Sennheiser, etc. En effet, c'est leur membrane en matière plastique métallisée qui conserve une certaine polarisation après avoir été placée dans un champ électrique de 10 000 volts à une température de 160° pendant leur fabrication. C'est le phénomène appelé "electrets" en anglais. En revanche, comme on a constaté au cours des premières années de leur commercialisation que la polarisation diminuait parfois assez vite, on polarise aujourd'hui l'électrode fixe, de volume plus important que la membrane qui est évidemment très mince afin de reproduire correctement toutes les fréquences. C'est ce que l'on appelle les "back electrets". Il faut néanmoins savoir qu'un micro à électrets peut très bien perdre sa polarisation dans le temps et dans certaines conditions de chaleur et d'hygrométrie de l'air. On ne peut donc donner aucune garantie sur leur durée de vie puisqu'il n'y a pas quarante ans qu'ils existent.D'autre part, la pile de 1,5 volt que l'on doit mettre dans le boîtier ne sert pas à la polarisation ou à un préamplificateur comme certains le croient. Elle alimente seulementun transistor adaptateur d'impédance placé dans le corps du micro afin de ramener l'impédance de la cellule (de l'ordre du gigaohm) à l'impédance d'entrée des préamplis des appareils (comprise en général entre 200 et 1500 ohms). Certaines firmes ont d'ailleurs prévu une alimentation intégrée dans leurs caméscopes sur lesquels il suffit de brancher un micro de la même marque sans ajouter de pile.Actuellement, les micros à électrets équipent la plupart des appareils en raison de leur faible prix de revient, de leur qualité et de leur petitesse.. Mais pour des enregistrements de haut niveau, il est préférable d'utiliser de vrais électrostatiques ou des dynamiques car les micros à électrets ont malheureusement un léger bruit de fond, très perceptible en enregistrement numérique.
¤ Quand et comment doit-on nettoyer les têtes magnétiques sur un magnétophone à bande ou à cassette ?
On doit nettoyer les têtes magnétiques d'un magnétophone quand on se rend compte, à l'audition, que l'on entend moins bien les fréquences aiguës et que le bruit de fond augmente. C'est le signe que des particules d'oxyde de fer (ou de chrome), arrachées à la bande, se sont déposées sur l'entrefer (dans les notices techniques d'entretien on appelle cela le colmatage).Si les têtes sont accessibles sans démontage, on prend un coton-tige pour effectuer cette opération. Après l'avoir légèrement imbibé d'alcool à 90°, on frotte, sans forcer, la surface des têtes d'effacement et d'enregistrement/lecture, de haut en bas et de gauche à droite. Si les têtes sont sales, on voit apparaître un dépôt jaunâtre sur le coton. Il suffit ensuite de passer de la même façon un autre coton-tige, sec celui-là, afin de sécher les têtes et de parfaire le nettoyage. Au cas où une nouvelle tache jaune apparaîtrait sur le coton sec, on recommence avec un autre coton-tige neuf jusqu'à disparition complète des traces jaunes.Quand les têtes ne sont pas accessibles (cas des postes à radio-cassette des voitures ou de certains magnétophones à cassette de salon), il faut acheter une cassette de nettoyage à bande spéciale qu'il est recommandé de passer régulièrement (par exemple une fois tous les deux ou trois mois), pendant environ 8 secondes, afin d'éviter un dépôt d'oxyde trop important. En effet, si les têtes sont très encrassées, le simple passage de cette cassette ne suffira peut-être pas à éliminer totalement l'oxyde de fer qui s'est incrusté dans l'entrefer en séchant. Si c'est le cas, seul le recours à un technicien - qui démontera l'appareil - pourra résoudre le problème.
¤ Qu'est-ce qu'on appelle démagnétisation des têtes ? Et comment fait-on ?L'utilisation fréquente d'un magnétophone, avec le passage répété de bandes magnétiques contre les têtes, provoque après un certain temps un phénomène d'aimantation. Un champ magnétique local dû au sous-sol renfermant du fer par exemple, peut également aimanter légèrement les têtes d'un appareil. Or, on sait qu'au début de l'enregistrement magnétique, avant la découverte de l'effacement par haute-fréquence en 1940, on effaçait les bandes avec un aimant permanent devant lequel on faisait défiler la bande magnétique. Une légère aimantation résiduelle des têtes d'un magnétophone peut donc effacer très légèrement l'enregistrement se trouvant sur une bande, surtout dans les fréquences aiguës. Il est donc recommandé de désaimanter, on dit aussi démagnétiser, régulièrement les têtes et même les autres pièces métalliques devant lesquelles passe le ruban : galets, cabestan, guides fixes ou rotatifs, etc. Une fois tous les six mois par exemple.
Il existe des démagnétiseurs, vendus dans le commerce, qui ne sont pas autre chose qu'un électro-aimant conçu spécialement avec une protection en matière plastique pour ne pas rayer la surface où se trouve l'entrefer. On branche d'abord le démagnétiseur sur le courant et on le place contre les éléments à démagnétiser pendant quelques secondes (le magnétophone étant éteint). On le retire ensuite lentement, en ligne droite, le plus loin possible (environ à 2 ou 3 mètres), sans le débrancher. Cela est très important car en coupant le courant, on aimanterait au contraire la tête ou le galet. C'est le retrait progressif du champ magnétique intense provoqué par le démagnétiseur, jusqu'à un point où le champ sera nul, qui va rendre la pièce métallique totalement neutre. On pratique de la même façon pour toutes les pièces à démagnétiser et c'est seulement après la dernière opération, en se plaçant le plus loin possible de l'appareil, que l'on coupe le courant alimentant le démagnétiseur. Remarque : tout ce qui vient d'être dit concerne les magnétophones analogiques à bande magnétique ¼ de pouce (6,35 mm) ou 3,81 mm en cassettes. Cela n'est pas valable (même si le principe reste le même) pour les appareils numériques en raison des différents systèmes de défilement à tambour rotatif (DAT, Scoopman NT 1), à disque (MiniDisc, CD-RW), etc. En cas de problème, on ne peut que reporter l'appareil au SAV.
¤ Comment protéger les micros du vent quand on fait une prise de son en extérieur ?Le vent a toujours été l'ennemi numéro un des preneurs de son. En effet, le moindre déplacement d'air fait bouger la membrane du micro (ou le ruban), ce qui se traduit par des "borborygmes" dans la modulation, à des fréquences en général basses. Sur certains caméscopes, la touche "anti-vent" met en service un filtre passe-haut qui coupe les fréquences en-dessous de 150 hertz, cette solution
réduisant évidemment la bande passante. Dans une prise de son classique, on peut également mettre
en service le filtre "coupe-basses" qui existe presque toujours sur les micros statiques, ces derniers descendant très bas en fréquences. Mais avec la plupart des transducteurs, on livre en général une "bonnette", sorte de capuchon en mousse plastique alvéolée qui arrête plus ou moins les déplacements d'air afin qu'ils n'arrivent pas jusqu'au diaphragme.
Avec le développement des prises de son extérieures en télévision et en radio, les fabricants ont mis au point des systèmes plus perfectionnés que la bonnette classique en mousse. En particulier le fourreau à poils (wind jammer) que l'on trouve en accessoire chez les fabricants de microphones (il est souvent importé de l'étranger). Le micro est d'abord centré dans un tube perforé, en général en matière plastique, autour duquel on placera le fourreau à poils. Il existe donc un espace d'air calme entre le micro et le tube tandis que les mouvements du vent sont arrêtés à l'extérieur par les poils du fourreau.
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Bonnette Neumann (d'origine anglaise Rycote) pour les micros KMR-81, KM-R 82.
On peut aussi utiliser d'autres transducteurs tubulaires de
différentes marques.
(dessin d'origine Neumann, extrait du livre "Enregistrement et conservation
des documents sonores" de C. Gendre, paru en décembre 99 chez Eyrolles)Mais dans tous les cas d'utilisation d'une bonnette ou d'un fourreau, la courbe de réponse du micro protégé sera modifiée, avec une perte dans les fréquences aiguës. Il faut donc choisir entre la bonne intelligibilité des paroles malgré le bruit ambiant ou la meilleure bonne passante possible au risque de ne pas comprendre toutes les phrases prononcées, masquées par les borborygmes.
¤ Au cours d'un récent voyage en France dans un train régional omnibus, j'ai entendu un sifflement très désagréable chaque fois que le contrôleur annonçait les stations avec son micro. Qu'est-ce qui le provoquait ?
Il s'agit d'un phénomène sonore que l'on appelle le "Larsen". Il est provoqué par le micro qui se trouve placé dans le champ d'un haut-parleur, ce dernier reproduisant ce que le micro capte (dans ce cas, la voix du contrôleur). Il se produit alors une "boucle" sonore dans le circuit : micro - amplificateur - haut-parleur - micro - amplificateur - haut-parleur - micro - etc... Il aurait donc fallu que le contrôleur se déplace dans un angle du wagon, ou tourne le dos aux haut-parleurs, ou diminue la puissance.
Pour supprimer le Larsen, il faut en effet soustraire le micro au champ d'action du haut-parleur, baisser le niveau de l'amplification, ou encore prendre un micro très directionnel ou de "proximité" qui ne captera pas le son provenant du haut-parleur. Si l'on n'agit pas rapidement quand le phénomène se produit, l'oscillation qui a débuté va s'amplifier d'elle-même, augmenter, et - à la limite - détériorer soit le micro, soit le haut-parleur, soit l'un des circuits de l'amplificateur dont les transistors ne sont pas faits pour supporter une telle "oscillation" (il se produit très vite un échauffement). Ce sifflement est non seulement très désagréable mais dans votre cas, il a été certainement préjudiciable aux oreilles des voyageurs, en particulier à celles des enfants.
On crée ainsi de façon acoustique un oscillateur, comme on le fait de façon électronique avec un circuit oscillant à lampes ou à transistors pour obtenir dans un magnétophone la haute-fréquence nécessaire à la polarisation ou à l'effacement de la bande.C'est le physicien danois SØren Absalon Larsen, né en 1871 et mort en 1957, qui a découvert le premier ce phénomène oscillatoire. Il lui a donné son nom et tous ceux qui ont pratiqué la sonorisation le connaissent bien. En particulier dans les congrès, les stades et les spectacles en plein-air ou en salle. Aujourd'hui, les progrès de l'électronique et des techniques numériques ont permis de concevoir des circuits placés dans la chaîne d'amplification qui réagissent plus vite que ne le ferait un être humain dès qu'une amorce d'oscillation apparaît. Il ne devient donc plus audible puisque la puissance est toujours régulée de façon à se trouver en permanence en dessous du seuil de déclenchement du fameux "Larsen".
¤ Que pensez-vous du MiniDisc ?
À question courte, réponse longue... ! Le MiniDisc a été présenté pour la première fois par Sony en Autriche le 10 juin 1992. La même année, Philips sortait le DCC pour remplacer la Compact-Cassette CC. Précisons tout de suite que le MiniDisc a une compression de 5 tandis que celle du système DCC est de 4. Par contre, l'accès aux plages est évidemment immédiat avec le MiniDisc tandis qu'avec la cassette DCC, il faut attendre le rebobinage de la bande ce qui est pénalisant.
J'ai testé les premiers appareils MiniDisc, de même que le système DCC. La qualité sonore avec le DCC (système PASC) était légèrement supérieure à celle des premiers MiniDisc (système ATRAC détaillé dans mon livre "Enregistrement et conservation des documents sonores - éditions Eyrolles). Cela était reconnu à l'époque, même par Sony. Par la suite, le DCC a disparu, les firmes s'étant plutôt orientées vers le MiniDisc. Le système de compression ATRAC a été amélioré année après année pour en arriver aujourd'hui à une telle qualité qu'il est difficile de distinguer la copie d'un original sur CD (ATRAC type R).Par contre, et personne n'en parle dans les revues, on perd beaucoup en faisant une copie à partir d'un MiniDisc sur un autre MiniDisc pour une raison très simple : quand on enregistre sur un MiniDisc, le signal analogique est transformé en numérique puis traité dans le convertisseur ATRAC qui élimine un certain nombre d'informations et ne conserve que 52 bandes de fréquences significatives, le reste étant éliminé (compression de 5). L'enregistrement se fait sur la couche magnétique (ou par des "pits" pour les MiniDisc pré-enregistrés). Au moment de la lecture, le signal numérique obtenu - grâce au faisceau laser qui "lit" les traces d'aimantation (ou les "pits") - est reconstitué pour l'écoute et transformé en analogique.
Si l'on copie ce signal à partir d'un MiniDisc sur un autre MiniDisc (par liaison numérique ou analogique), on va de nouveau faire passer les informations musicales par le système ATRAC pour l'enregistrement, qui ne retiendra une deuxième fois que 52 bandes de fréquences significatives, les autres étant éliminées. On perdra donc encore une autre partie des informations par rapport à l'original. Après enregistrement sur le disque, l'appareil reconstituera une nouvelle fois le signal obtenu à la lecture - par l'intermédiaire du faisceau laser et de la cellule photo-électrique - pour que l'on puisse l'écouter. À titre d'expérience, on peut d'ailleurs recopier plusieurs fois de suite un enregistrement musical de MiniDisc à MiniDisc pour voir ce qu'il en reste. Ce qui évidemment n'est pas le but recherché dans un usage courant. L'expérience est d'ailleurs impossible à faire à partir d'un MiniDisc pré-enregistré du commerce (avec pits) puisqu'il renferme le code anti-copie SCMS.Il faut mettre au crédit du MiniDisc la facilité de montage et de déplacement des plages à l'aide des marqueurs numérotés que l'on peut placer et effacer à volonté au moment de la lecture. Même sur un petit appareil MiniDisc du genre Walkman, on enlève facilement un bruit ou une respiration sans aucun risque puisque l'on peut refaire le montage autant de fois que cela sera nécessaire à condition de conserver le bruit ou la respiration à la fin de l'enregistrement (sans l'effacer) pour le remettre éventuellement en place afin de recommencer quand la "coupe" s'entend.
Enfin, le petit disque de 64 mm, enfermé dans un boîtier semblable à une disquette de 2,5 pouces, est tentant pour les amateurs qui ne veulent pas s'encombrer de CD de 12 cm de diamètre. De plus, il est protégé contre les chocs et les rayures puisqu'il ne sort jamais de sa disquette.
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Disquette ouverte laissant voir le MiniDisc
de 64 mm de diamètre.
(Photo C. Gendre)Le MiniDisc "enregistrable et effaçable" est le plus utilisé. Il est formé d'une couche magnétique (alliage de terbium, de cobalt et de ferrite) bien que son aspect ressemble tout à fait au disque pressé avec des "pits" (creux et bosses). Les utilisateurs ignorent le plus souvent qu'il s'agit dans ce cas d'un enregistrement magnétique effectué grâce à une tête d'enregistrement traditionnelle (mais qui ne touche pas la surface du disque). En revanche, pour la lecture, c'est un faisceau laser - dont la polarisation change suivant le sens des aimantations se trouvant sur la couche magnétique - qui permet de reconstituer les informations numériques (1 ou 0) par l'intermédiaire d'une cellule photo-électrique comme nous l'avons dit ci-dessus. Il faut d'ailleurs constater que les MiniDisc pré-enregistrés (avec "pits") sont rares et que le succès actuel du MiniDisc (s'il y en a un face aux nouveaux standards : CD-R, CD-RW, DVD-audio et SACD) vient en majorité de la possibilité d'enregistrer ses propres CD, ses disques "noirs", ou de faire un enregistrement direct par micro. C'est une excellente solution pour conserver sous un faible volume les anciens enregistrements sur disques 33 t/mn, 45 t/mn ou 78 t/mn. On pourra ainsi les écouter autant de fois que l'on voudra sans risque d'usure.
¤ Peut-on utiliser un haut-parleur comme micro à l'entrée d'une carte son ?
Il est toujours possible d'utiliser un haut-parleur à aimant permanent comme micro, de même qu'il est possible d'utiliser un micro dynamique à bobine mobile comme haut-parleur puisque le principe est le même : une membrane est solidaire d'une bobine mobile qui se déplace dans le champ d'un aimant permanent. Quand la bobine mobile coupe les lignes de force de l'aimant parce que la membrane bouge sous l'action d'une pression sonore, un courant induit prend naissance dans le fil de la bobine. Si, au contraire, on envoie un courant dans le fil de la bobine mobile, c'est la bobine qui se déplace dans l'entrefer de l'aimant en faisant bouger la membrane qui restitue le son. Certains interphones fonctionnent de cette façon, le haut-parleur servant alternativement de micro et de haut-parleur. On peut faire un essai avec une pile de 4,5 volts branchée aux bornes de la bobine mobile. La membrane se déplace d'avant en arrière, ou d'arrière en avant, en inversant le plus et le moins.
La membrane et la suspension arrière de ce petit haut-parleur ont été découpées pour laisser voir l'aimant et le fil de la bobine mobile.
(Photo C. Gendre in : Les Microphones - éditions Eyrolles).En revanche, avec un haut-parleur de 8 ohms par exemple, on risque d'avoir un problème d'impédance et de niveau car en général les cartes "sons" sont plutôt prévues pour des impédances de micros à électrets (de 600 à 1200 ohms) avec une faible sensibilité. Il faut essayer.
En cas de difficultés, on peut conserver le transformateur adaptateur d'impédance qui se trouvait aux bornes des haut-parleurs quand on les utilisait avec des circuits à tubes.¤ Pourriez-vous m'expliquer les causes de "l'effet de proximité" qui se produit quand on parle près d'un micro ?
L'effet de proximité qui se produit avec les microphones directionnels et qui augmente les fréquences graves provient de la distance que le son doit parcourir pour arriver jusqu'aux deux côtés de la membrane du micro. On sait que les microphones directionnels (cardioïdes) fonctionnent en "gradient de pression", c'est-à-dire en différence de pression entre l'avant et l'arrière de la membrane. Les deux faces d'un micro directionnel sont en effet accessibles au son alors qu'un micro omnidirectionnel est fermé à l'arrière, la membrane ne recevant le son qu'à l'avant. Il fonctionne en "pression".¤ Un Internaute a acheté un vieux micro d'origine américaine sur lequel on trouve la mention "astatique", qui est également la marque de la société l'ayant fabriqué : "Astatic corp. USA". Que signifie ce terme ?
Rappelons que la pression décroît de façon linéaire avec la distance. Quand on parle très près d'un micro à gradient de pression, la membrane se trouve dans un champ qui paraît éloigné pour les fréquences aiguës et trop proche pour les graves dont les longueurs d'onde sont plus grandes que celles des aiguës. Le détour que doit faire le son pour aller sur l'arrière de la membrane est donc trop court pour un fonctionnement bien équilibré en gradient de pression. Il faudrait l'allonger mais on détruirait les caractéristiques du micro pour les hautes fréquences. C'est ce qui a conduit l'ingénieur Göricke de la firme autrichienne AKG à mettre au point une série de microphones à deux capsules dans le même corps, l'une destinée aux fréquences aiguës avec un trajet court et l'autre réservée aux fréquences graves avec un trajet plus long. C'est le cas des modèles AKG D 200, D 202 et D 224 commercialisés à partir de 1966. Pour réduire le prix et simplifier les choses, les firmes mettent aujourd'hui un filtre passe-haut qui diminue les fréquences graves (avec parfois deux positions de coupure). En résumé, tous les micros de type cardioïde (à gradient de pression) ont une courbe de réponse qui chute dans les fréquences graves à partir d'environ 80 ou 100 hertz mais ils ont un effet de proximité quand on parle très près. En revanche, les modèles de type omnidirectionnel, qui fonctionnent en "pression" (comme un baromètre), ont une bande passante qui descend jusqu'à 20 hertz sans atténuation. Il faut savoir aussi que contrairement à certaines idées reçues (dues à une analogie avec les haut-parleurs), une grande membrane ne reproduit pas mieux les graves qu'une membrane de petit diamètre. Les micros américains "Earthworks QTC1" de type "omnidirectionnel" ont une bande passante s'étendant de 4 Hz à plus de 35 000 Hz (+ ou - 1 dB) bien que leur membrane n'ait que 7 mm de diamètre. C'est certainement un bon exemple. Et les micros électrostatiques omnidirectionnels Schoeps, Bruël & Kjaer, Beyer, de même que beaucoup d'autres, descendent juqu'à 20 hertz sans problème bien qu'ils aient de petits diaphragmes puisqu'ils fonctionnent "en pression".Dans les années trente à quarante, le terme "astatique" désignait des microphones "à cristal", à membrane en duralumin. Ils ne nécessitaient pas d'alimentation comme les micros "statiques", d'où l'appellation "a-statiques", puisque c'est la déformation du cristal bimorphe provoquée par les ondes sonores touchant la membrane qui fournissait le courant modulé que l'on amplifiait ensuite. Le même principe a été utilisé pour les cellules de lecture des disques 33 tours sur les modèles destinés au grand-public.
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Micro à cristal d'origine américaine
(Photo Mehdi Tayoubi)Le "sel de Seignette" avait été découvert par les frères "Seignette", pharmaciens à La Rochelle, pendant le siège de la ville par Richelieu. Ce cristal porte désormais leur nom. Vers 1921, un pharmacien de Juvisy, du nom de Roussel, eut l'idée d'utiliser la déformation des cristaux en sel de Seignette pour produire du courant (phénomène de piézo-électricité). Les américains reprirent l'idée et construisirent les premiers microphones "à cristal" vers 1930.
Les micros à cristal, utilisés avec les magnétophones jusqu'aux années soixante, ont été ensuite abandonnés au moment du développement des dynamiques et des électrets. On n'en trouve plus aujourd'hui, si ce n'est avec des anciens appareils vendus comme antiquités.L'impédance de ce type de microphone est élevée : c'est un modèle à "haute-impédance", de l'ordre de 50 000 à 80 000 ohms, alors que les entrées actuelles des préamplis des appareils sont à basse ou moyenne impédance (200 ohms ou 1200 ohms). On ne risque rien en le branchant mais le son sera complètement déformé. Pour obtenir un son correct, il faut utiliser un transformateur adaptateur d'impédance : 50 000/200 ohms ou 80 000/600 ohms. Ce type de micro était utilisé pendant la guerre avec les postes émetteurs-récepteurs de l'armée américaine.
¤ Un ami m'a dit qu'en numérique, on pouvait dépasser le 0 dB et allumer le voyant rouge sans problème... ?
Faux. D'ailleurs, cela est précisé dans tous les modes d'emploi des graveurs et des DAT (ou MiniDisc). Comme vous m'avez dit que vous n'aviez pas constaté de distorsion, il est probable que le constructeur de votre graveur a prévu un "limiteur" pour empêcher le signal de dépasser la limite afin d'éviter un retour fréquent d'appareils en SAV en provenance d'usagers qui - ne connaissant rien à l'enregistrement sonore - prétendraient que leur enregistreur a un défaut et "déchire" le signal avec une forte distorsion (ce qui arrive quand on n'a pas prévu de limiteur).
Quand on dépasse le 0 dB sur un modèle équipé d'un limiteur, on diminue la dynamique pouvant atteindre 90 dB en numérique (ou parfois plus). On obtient donc un son trop fort, plat, semblant "comprimé", qui a perdu toute la clarté et l'aération permises par le numérique et la stéréophonie. Le rapport entre forte et piano n'existe plus. On peut d'ailleurs s'en rendre compte facilement en copiant un extrait d'un disque du commerce à forte dynamique de façon à ce que le signal allume presque en permanence le voyant rouge indiquant le dépassement du 0 dB. On écoute ensuite les deux CD sur une bonne installation. La comparaison est révélatrice. Comme on dispose en numérique d'une très grande marge en ce qui concerne la dynamique et le rapport signal/bruit de fond, il est préférable de travailler toujours en étant à 2 décibels en dessous du 0 db dans les "forte".
Il existe trop de gens qui suivent les "conseils" d'un ami plutôt que ceux d'un spécialiste... ! Ah ! Idées reçues..., quels dommages n'aurez-vous pas faits en ce monde ! Voir à la page "Quelques perles" (page suivante ci-dessous) l'histoire de la pile à placer dans un micro "dynamique" pour augmenter la puissance... ! Ce "conseil" avait été publié dans une revue et un lecteur, à qui j'avais téléphoné, était resté sur cette "idée" parce qu'il l'avait lue dans cette revue... ! C'est la puissance de l'écrit.
¤ Un internaute a récemment demandé comment on pouvait vérifier l'usure d'une tête magnétique sur un magnétophone ancien du genre "Revox" :
On ne peut pas vérifier à l'oeil nu l'usure de l'entrefer d'une tête d'enregistrement ou de lecture. En effet, la largeur de cet entrefer, suivant les appareils, est comprise entre
1 micromètre (tête de lecture) et de 5 à 15 micromètres pour la tête d'enregistrement. L'oeil n'a donc pas un pouvoir de séparation suffisant pour distinguer des grandeurs si petites, d'autant plus qu'une cale en cuivre ou en matière synthétique a été placée dans l'entrefer afin d'éviter l'introduction de poussières d'oxyde de fer arrachées à la bande dont l'accumulation empêcherait une lecture normale par court-circuit "magnétique".
On ne voit donc pas de "fente" à proprement parler. Enfin, les bords de l'entrefer doivent être rigoureusement parallèles et sans "dents de scie" ce qu'il est également impossible de distinguer à l'oeil nu.
Pour savoir si les têtes sont usées, il faut d'abord bien les nettoyer avec un coton-tige imbibé d'alcool (dans bien des cas, cela suffira pour retrouver les fréquences aiguës !). Ensuite, en utilisant une bande-étalon de fréquences et en branchant la sortie "ligne" sur un voltmètre électronique, on fait la courbe de réponse afin de voir s'il n'y a pas un affaiblissement à partir de 8 à 10 000 hertz. Si c'est le cas, on commence par régler l'azimut de la tête de lecture en se servant de la fréquence de 10 000 hertz enregistrée en général pendant plusieurs minutes sur ces bandes spéciales pour permettre d'agir sur la vis de réglage de l'azimut afin de reproduire la fréquence de 10 000 hertz avec le maximum de niveau sur l'appareil de mesure. On fait ensuite de nouveau la courbe de réponse afin de contrôler si les fréquences plus élevées sont reproduites à peu près au même niveau. Si l'on constate une chute après 10 000 ou 12 000 hertz, c'est probablement la tête de lecture qui est usée (et dans le cas d'un appareil à trois têtes, la tête d'enregistrement et d'effacement doivent l'être aussi !). Il faudra donc les changer.© C. Gendre (2 juillet 2005)