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L'aventure du Revox

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La genèse

Il faut se reporter à l'année 1948 pour découvrir celui qui a donné naissance à un appareil très apprécié par les passionnés
d'enregistrement sonore : le Revox. Il s'agit de Willi Studer, Dr. h.c.
Décédé le 1er mars 1996 à l'âge de 84 ans, il avait créé sa société en janvier 1948 après avoir fabriqué pendant la guerre de 1939-1945 des postes de radio populaires dans plusieurs petites firmes en Suisse.
C'est à Zürich, dans les caves de la poste de la Wehntalerstrasse,
que l'entreprise s'installa pour pouvoir construire des oscilloscopes destinés aux mesures de haute-tension.
Mais les premiers magnétophones Ampex ayant été importés en 1949, Willi Studer décida très vite de consacrer ses activités à la fabrication
de ce type d'appareil après avoir mis au point ceux qui arrivaient d'Amérique parce qu'ils avaient besoin d'être adaptés aux normes du courant électrique européen. L'Amérique est - on le sait -
en 60 périodes.

Le Dynavox

C'est sous le nom Dynavox que le premier magnétophone de la société Willi Studer a été vendu. L'effectif, qui était de trois personnes pour la fabrication des oscilloscopes, fut porté à vingt-cinq et les ateliers transférés dans de nouveaux locaux. L'année suivante, en 1951, un premier magnétophone professionnel fut mis au point sous le vocable Studer 27 mais pour séparer les deux activités, le terme Revox
fut déposé pour les modèles destinés aux amateurs.
Le prototype du Studer 27 fut utilisé cette année-là pour l'enregistrement des concerts de la Semaine Internationale de
Lucerne et, en raison de sa qualité, une centaine de Studer 27
furent mis en chantier.


Magnétophone Revox T 26 de 1952.
(Photo C. Gendre)

 Fabriqué parallèlement au Studer 27, un nouveau modèle vint
remplacer le Dynavox en 1952 : ce fut le T 26, vendu à environ
2500 exemplaires. Mais Willi Studer était un perfectionniste
pour lequel la meilleure qualité sonore était primordiale, même
quand il s'agit d'appareils destinés aux amateurs. Comme la
technique à un seul moteur donnait rarement satisfaction en
raison des problèmes posés par le rebobinage de la bande
et le freinage en défilement, il décida en 1954 de mettre au
point un modèle à trois moteurs pour le grand-public : ce fut
le A 36, premier d'une série étonnante qui conserva la même
"ligne" pendant treize ans. Il devint le B 36 en 1956, C 36 en
1958, D 36 en 1960, E 36 en 1961, F 36 en 1962 et G 36
en 1963 avec un coffret légèrement modifié
(à coins carrés au lieu d'être arrondis).
La stéréophonie fut adoptée en 1960 pour le D 36 et les suivants.
Bien entendu, à chaque nouveau modèle, des améliorations étaient apportées, tant au point de vue mécanique qu'électronique.


Magnétophone stéréophonique Revox G 36 à lampes
qui fut vendu de 1963 à 1967.
(Photo C. Gendre)

La nouvelle génération

Tous ces magnétophones étaient à tubes classiques mais l'arrivée des transistors sur le marché conduisit Willi Studer, en 1967, à concevoir un nouvel appareil entièrement transistorisé sous la référence A 77, qui devint par la suite le B 77 et donna naissance au PR 99, modèle intermédiaire entre le domaine amateur et l'usage professionnel.
Le moteur du cabestan fut mis au point par Monsieur Stosberg de l'école polytechnique de Lausanne : le rotor porte à sa périphérie une couronne dentée défilant devant une tête magnétique. La fréquence de rotation ainsi détectée est comparée à une fréquence fixe délivrée par un générateur et un discriminateur se charge d'envoyer au moteur la tension nécessaire par l'intermédiaire d'un transistor de puissance qui sert en quelque sorte de résistance variable.


Schéma de principe du système de régulation du moteur de cabestan
du Revox A 77 (d'après un document Studer/Revox).
(extrait du livre "Les Magnétophones" de Claude Gendre - Éditions Dunod)

C'est très simple, la précision est excellente et il suffit de changer la fréquence pour obtenir une vitesse différente. On obtient ainsi, avec
un magnétophone de prix abordable, un taux de pleurage de 0,08 %
à 19 cm/s alors qu'avec un moteur alimenté directement sur le
secteur, on devrait se contenter d'environ 0,15 à 0,2 %
(notons que pour une oreille normale, le pleurage devient
sensible quand il dépasse 0,2 %).


Magnétophone Studer A 820 à 24 canaux.
Toute l'électronique a été conçue par éléments
enfichables placés dans le socle.
(Document Studer/Revox)

Parallèlement aux modèles classiques à bande 1/4 de pouce,
Willi Studer développa des appareils professionnels multipistes
à 4 canaux (J 37), à 8, 16 et même à 24 canaux sur bande magnétique de un et deux  pouces de largeur (A 820). Vinrent s'ajouter des tables de mixage, des amplificateurs puis, pour le marché de la Haute-Fidélité, des chaînes complètes. La diversification des activités justifia l'ouverture de
plusieurs usines pour pouvoir faire face à la demande.

Willi Studer

J'ai eu la chance de connaître Willi Studer et sa dévouée secrétaire Martha Streuli qui ne le quitta pas jusqu'à la fin de sa vie.


Willi Studer (2ème à partir de la gauche) avec
ses invités. L'auteur du site est le
deuxième à partir de la droite.
(Photo Martha Streuli)

Willi Studer était un homme d'une rectitude étonnante, qui exigeait toujours la perfection mais savait se pencher sur les cas particuliers de ses employés et souhaitait faire effectuer le travail dans un climat humain. La production ayant augmenté de façon considérable,
tant dans le domaine amateur (Revox) que professionnel (Studer), plusieurs usines filiales furent ouvertes parallèlement à l'usine principale qui avait été installée à Regensdorf dans la banlieue de Zürich.
Citons Mollis en Suisse, Säckingen, Ewattingen, Löffingen
et Bonndorf en Allemagne.


Usine principale Studer/Revox de Regensdorff
(Photo Studer/Revox)

Homme cultivé, docteur honoris causa de l'Université, il était passionné par le jazz New-Orleans et possédait une remarquable collection de CD et de disques anciens. Pour tous les appareils sortant de ses usines, il exigeait une qualité musicale parfaite, au-dessus des normes habituelles, ce qui fit la renommée de la marque dans tous les domaines. Beaucoup de studios dans le monde entier ont encore des magnétophones Studer, leurs performances pouvant rivaliser avec le numérique sans avoir les défauts de l'échantillonnage.
Les pièces étaient usinées avec une très grande précision apportant aux appareils Studer/Revox une fiabilité étonnante puisque des magnétophones acquis il y a trente ans tournent encore aujourd'hui sans défaillance, seules les têtes et parfois les galets et les freins des bobines sont régulièrement changés suivant l'usage qui en est fait, ce qui représente un entretien courant.

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À gauche, moteur du Revox B 77 dont l'axe sert de cabestan avec une précision d'usinage inférieure au micron. À droite, bloc des têtes du B 77
avec la tête d'effacement, la tête d'enregistrement et la tête de lecture immédiate. L'ensemble est facilement interchangeable.
(Documents Studer/Revox)

Willi Studer a bien voulu préfacer mon livre "Les magnétophones" ce qui fut un grand honneur pour moi.


Celui que les amateurs attendaient... le Revox A 77 à deux
vitesses : 9,53 cm/s - 19,05 cm/s ou 19,05 cm/s - 38,1 cm/s.
Excellent appareil dont beaucoup d'exemplaires
sont encore utilisés aujourd'hui.
(Document Studer/Revox)

   © C. Gendre

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