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Un orgue à tuyaux chez soi ?
 Pourquoi pas
!


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À moins d'avoir une fortune personnelle
ou un compte bien approvisionné dans les îles du "Crocodile"...
 (rappelons que c'est Charlie Chaplin qui a dit : "Seul l'humour permet de survivre et de demeurer sain d'esprit..."
),
le titre de cette nouvelle page relève plutôt de l'utopie en cette période "troublée" !
Pourtant, de nombreux jeunes ou moins jeunes, passionnés par la musique d'orgue sans pour autant être croyants,
aimeraient pouvoir jouer sur une console de deux claviers avec pédalier afin
de mettre à profit les leçons qu'ils prennent avec leur professeur du Conservatoire local.

En ce qui me concerne, en juin 1940, j'ai poussé une charrette à bras avec ma mère et mes grands-parents sur
 la route d'Orléans
pendant l'exode, pour fuir devant les armées allemandes qui nous ont rattrapés bien avant la Loire.
 Au retour, j'ai immédiatement dessiné sur une grande feuille découpée dans du bristol les touches d'un piano dont
 j'avais pris les empreintes d'une octave avec du papier chez les gens qui nous avaient hébergés
 pendant une nuit pour que l'on se repose.
 Ils avaient un piano !
Et mon professeur, Mademoiselle Levasseur, organiste du "Gonzalez" à 2 claviers/pédalier
 de l'église de la Porte de Saint-Cloud - qui m'apprenait le solfège - commença à me donner des exercices
 que je "jouais" sur ce clavier muet.
Cela pendant un an, jusqu'au jour où ma mère m'annonça
qu'elle allait m'acheter un piano d'occasion dans un magasin spécialisé, près du "Bon Marché".
Pourtant, mes grands-parents étaient à sa charge et elle avait dû faire d'énormes sacrifices pour
pouvoir acquérir ce piano afin que je puisse "entendre" ce que je jouais sur mon clavier de papier !
Elle ne gagnait pas beaucoup d'argent comme comptable et j'ai toujours eu le remords de
ne pas lui avoir montré suffisamment, à la fin de sa vie, combien je lui en étais reconnaissant.

  Entendre, c'est le problème. Il existe pour ceux qui apprennent à jouer de l'orgue et n'en ont pas,
 mais aussi pour ceux qui savent déjà jouer et sont passionnés par les sonorités des orgues anciens
 de facture baroque allemande, baroque française, classique, symphonique, romantique...,
 dont ils voudraient bien entendre le son quand ils jouent chez eux ! 

Un orgue chez soi :

C'est possible aujourd'hui grâce à l'électronique, car un orgue à tuyaux de 4 jeux à 2 claviers/pédalier reviendrait beaucoup trop cher et supprimerait le plaisir que l'on a en faisant dialoguer de nombreuses sonorités. De plus, un orgue à tuyaux ne peut être installé dans un appartement sinon c'est le procès assuré avec les voisins, même en ne l'utilisant que dans la journée. Il faut donc être logé dans une maison particulière, à condition qu'elle ne soit pas trop près d'une autre, et que l'une des pièces soit suffisamment grande pour en installer un ! Donc, il faut être riche... ce qui n'est pas le cas de tout le monde en ce moment ! Mais on pourra aussi se reporter à la page précédente "Les orgues se cachent pour mourir" afin de lire les réserves que je fais au sujet des orgues numériques d'aujourd'hui.

Certes, pour un jeune qui apprend à jouer de l'orgue, il existe maintenant des instruments électroniques de prix abordable (qui coûtent quand même la moitié du prix d'une voiture et même pour certains beaucoup plus...!). Ils permettent de perfectionner la technique de jeu avec des sonorités très améliorées par rapport à ce que l'on entendait il y a une quinzaine d'années. Mais bien que les fabricants mettent en avant l'échantillonnage des sons (en anglais : "sampling") provenant de vrais tuyaux, on ne trouve pas  une réelle similitude avec les sons des tuyaux d'un orgue baroque. Ce n'est qu'avec les modèles les plus chers que l'on s'en approche. Les sons des instruments numériques, dont les prix se situent entre 5 000 et 15 000 euros, ne m'ont jamais donné satisfaction.

C'est pourquoi il m'a paru important de souligner que la meilleure formule pour l'avenir, c'est de fabriquer une console à deux (ou trois claviers) + un pédalier de 30 notes, servant de base, d'un prix abordable pour les jeunes, sans décors, fioritures  ou perfectionnements superflus car c'est la musique qui compte et non le "tape-à-l'oeil" ! Ensuite, un ordinateur devrait être placé sur la console avec un logiciel spécial sur lequel on pourrait connecter des "banques" de sons mis en mémoire grâce à l'enregistrement des tuyaux d'orgues de certains instruments historiques très connus (prendre le site
http://sonusparadisi.cz. En cliquant sur la photo de l'orgue choisi, puis sur "démos", on peut entendre le son provenant de la banque renfermant les échantillons ("sample"  en anglais) prélevés à partir des tuyaux, l'oeuvre étant jouée - sur les claviers reliés à l'ordinateur - par un (ou une) organiste de haut-niveau. Le choix des jeux s'effectue sur un écran tactile, ou par une souris comme sur un ordinateur classique). C'est ce qu'a réalisé la firme Hauptwerk.

La sortie de l'ordinateur doit répondre aux normes habituelles (sortie "ligne" en stéréo sur fiches RCA, jack 6,35 ou XLR à 5 broches) afin que l'on puisse la relier à une amplification séparée d'excellente qualité (on sait le faire depuis les débuts de la "Haute-Fidélité"...), avec une puissance correspondant au lieu d'audition : appartement, grand salon, petite salle ou église, grande salle, grande église. Le nombre des enceintes acoustiques est évidemment déterminé en fonction du lieu. Mais cette unité d'amplification et les haut-parleurs nécessaires ne devraient pas être vendus obligatoirement avec la console et  l'ordinateur car bon nombre de musiciens possèdent déjà des installations chez eux sur lesquelles ils pourraient brancher les câbles provenant de la sortie "ligne". Et ceux qui ont déjà deux claviers avec des prises midi (in, out, thru), superposés comme les claviers d'un orgue, se contenteraient donc d'acheter l'ordinateur avec le logiciel spécial et les "banques de sons".

Ainsi, cette formule "souple" permettrait un développement considérable de la passion pour les orgues de toutes les époques avec un prix accessible, car les "banques" étant interchangeables, elles donneraient la possibilité de jouer soit sur un orgue baroque allemand, soit sur un baroque français avec une autre banque, etc. Quelle satisfaction pour les organistes, jeunes ou vieux, n'ayant plus aucun rapport avec les différentes religions, qui pourraient jouer sans aucun déplacement à "l'église",
surtout pendant l'hiver quand il fait un froid mortel.
À condition que le son soit parfait.

Utopie ?

Je ne pense pas, car en prenant le site http://hauptwerk-france.com on peut accéder à de nombreux exemples sonores
 comme le Noël de Daquin interprété grâce à la "banque" de l'orgue des " frères Jullien" de Roquemaure,
ou celle du "Schnitger" de Zwolle en Hollande, orgues devenus "virtuels" tous les deux mais dont on entend
 le son comme si l'organiste jouait sur l'instrument lui-même avec les tuyaux réels.
C'est aussi le cas pour d'autres orgues remarquables dont la liste et les photos sont disponibles
sur le site http://sonusparadisi.cz, avec l'historique de chaque orgue (en anglais).
Ces "banques" de sons sont vendues à des prix variables (de 50 à 600 euros ou plus, suivant
 l'orgue échantillonné
), certaines étant gratuites.
  Et dès maintenant, en écoutant avec deux bonnes enceintes ou un casque d'excellente qualité branché
 sur son ordinateur, on peut se rendre compte des sonorités de ces orgues "virtuels" grâce aux sites.

De plus, avantage non négligeable, quand on voudra modifier l'un des éléments
 à cause de l'usure, d'une dégradation, d'une panne ou d'une évolution technique,
il suffira de changer l'un d'eux alors que jusqu'ici, avec un instrument monobloc, il faut faire
un dépannage parfois aléatoire car les spécialistes ne sont pas nombreux, ou vendre
 l'orgue entier avec une perte d'argent importante pour en racheter un neuf.
Et c'est aussi un système "démocratique" car quel que soit le niveau de celui qui joue et la formule adoptée :
 console de base ou celles très évoluées à 2, 3, 4 ou 5 claviers, les banques - dont la qualité reste
 toujours la même - permettent de bénéficier de la vraie sonorité de l'orgue historique que l'on veut entendre.


C'est remarquable !
Cette fois, j'ai vraiment entendu le son réel des orgues cités
.

Il ne faut pas s'étonner que ce soit une firme tchèque qui enregistre et commercialise les "banques" de son des plus beaux instruments d'Europe (travail considérable commencé il y a dix ans). La musique a toujours eu un grand rôle à Prague puisque, vers 1930, le professeur Bakulé avait déjà créé un choeur d'enfants très célèbre qui avait contribué avant la guerre à développer la musique ancienne et les oeuvres baroques dans ce pays.

En 1933, les Petits Chanteurs à la Croix de Bois ont fait une tournée triomphale à Prague et dans d'autres villes où ils chantèrent de nombreuses fois, dans la langue d'origine, l'hymne national tchécoslovaque "Kde domov müj". Le professeur Bakulé leur fit découvrir la très belle mélodie tchèque "Tece, voda, Tece" (harmonisée par B. Pokorny) qui met en valeur la voix du soliste alto et qui, par la suite, fut le chant le plus applaudi dans tous leurs concerts.

C'est aussi à Prague que l'oratorio "Jeanne au bûcher" d'Arthur Honegger a été enregistré
du   14 au 20 octobre 1974 en quadraphonie, lisible en stéréophonie, dans le studio "Supraphon"
avec le concours d'artistes français (Nelly Borgeaud, Michel Favory, René Brun, Anne-Marie Rodde), le choeur d'enfants de Kühn ainsi que le choeur et l'orchestre philharmoniques tchèques, l'ensemble étant placé sous la direction de Serge Baudo.
 (voir la page "Pour les musiciens")
C'est EMI-La Voix de son Maître qui a produit en 1977 le très beau coffret de deux disques noirs 33 tours/30 cm.
 
Souhaitons que les sociétés http://organo-forte.fr, http://hauptwerk-france.com)
 et http://www.hauptwerk.fr présentent rapidement des ensembles modulables pour que
 les passionnés d'orgue, les élèves des conservatoires, les responsables des lieux de culte,
 ainsi que ceux des salles de spectacle, puissent s'équiper au meilleur prix.
Et grâce à Sonus Paradisi (http://sonusparadisi.cz), l'organiste français Benoît Dumon et ses confrères de la Czech Republic (République tchèque) auront ainsi contribué à promouvoir une nouvelle approche de la musique d'orgue en Europe, en n'acceptant plus aujourd'hui qu'une qualité sonore authentique, afin de donner la possibilité à ceux qui travaillent chez eux de profiter chaque jour d'instruments célèbres qu'ils ne verront peut-être jamais dans leur vie mais qu'ils pourront entendre chanter sous leurs doigts.
Certes, tout le monde ne peut pas se permettre d'avoir un orgue chez lui mais la possibilité de
fractionner les éléments aidera certainement beaucoup de musiciens à s'équiper pour perfectionner
 leur technique tout en profitant des belles sonorités d'orgues historiques
 sur lesquels ils n'auraient pas pu jouer.
                                                                                     
                                                                                        ******  
                                                                                                      © C. Gendre
                                                                                                      18 avril 2013